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Conflit Israël-Gaza : le Hamas torpille le processus de paix entre Riyad et Tel-Aviv

Poussé par les États-Unis, un rapprochement historique se préparait entre Riyad et Tel Aviv. Il y a deux semaines, à la tribune de l'Onu, Benyamin Netanyahou parlait "d'une nouvelle ère", "d'une paix historique à portée de main". L'attaque et l'impact régional qui s'ensuit arrête net le processus.
Article rédigé par Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Un Koweïtien brandit le drapeau palestinien lors d'un rassemblement à Koweït City, le 7 octobre 2023. (YASSER AL-ZAYYAT / AFP)

L'offensive du Hamas remet en cause la normalisation en cours entre Israël et un certain nombre de pays arabes, au premier rang desquels l'Arabie saoudite. Les négociations étaient bien engagées puisqu'en septembre, le prince héritier Mohammed Ben Salman expliquait à la télévision américaine que son royaume et l'État hébreu se rapprochaient tous les jours d'une normalisation de leurs relations. 

Le rôle phare de l'Arabie saoudite

Les Émirats arabes unis, le Bahreïn, le Maroc, le Soudan, ont signé en 2020 les "Accords d'Abraham", qui ont permis de relancer des relations diplomatiques, de rouvrir des vols directs et de faire des affaires. L'État hébreu comptait bien poursuivre sur sa lancée, enterrer la hache de guerre avec Riyad, son ennemi historique antisioniste et chef de file des monarchies du Golfe.

Le royaume wahhabite, qui abrite les premiers lieux saints de l'Islam, n'a jamais reconnu Israël et continuait d'ailleurs de réclamer la reconnaissance d'un État palestinien. 
Fin septembre, l'Arabie saoudite a même envoyé une délégation en Cisjordanie pour rassurer les Palestiniens, leur dire qu'elle continuerait de défendre leur cause même dans le cas d'une normalisation de ses relations avec Israël.

Les opinions publiques remobilisées

Depuis 48 heures, la question palestinienne est brutalement revenue sous les projecteurs et la réaction militaire d'Israël qui s'annonce massive, va forcément refroidir les relations de Tel-Aviv avec les pays signataires des accords d'Abraham et conduire les États arabes à conduire une ligne plus dure, à prendre leurs distances, ne serait-ce que parce que leurs opinions publiques sont très sensibles à la cause palestinienne, et très mobilisées. Pour l'instant ils tentent de maintenir une position d'équilibriste en lançant des appels au calme assez laconiques.

Riyad ne va donc plus pouvoir continuer ouvertement à négocier avec un Israël désormais officiellement en état de guerre. Dans sa première réaction samedi, le royaume a d'ailleurs été très clair, disant avoir prévenu de l'existence d'une situation explosive, résultant "de la poursuite de l'occupation et de la privation de droits légitimes subie par le peuple palestinien".

Le calcul du Hamas

L'Arabie Saoudite n'a donc pas dénonçé l'attaque du Hamas, qui a probablement aussi agi pour perturber cette normalisation. Par peur d'une marginalisation encore plus grande de la cause palestinienne. "Un accord de paix entre Israël et l'Arabie saoudite aurait été un cauchemar pour le mouvement islamiste palestinien comme pour l'Iran", c'est ce que disent aussi les Américains, notamment leur secrétaire d'État Antony Blinken. 

Depuis des mois les États-Unis poussaient aux négociations, à la fois parce que cela aurait permis de stabiliser le Moyen-Orient et parce que ça aurait aussi apporté une belle victoire à Joe Biden avant la présidentielle. Sur le plan diplomatique ils sont eux aussi les victimes collatérales de l'attaque historique du Hamas.

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