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Coronavirus Covid-19 : le débarquement du bateau "Westerdam" au Cambodge, les motifs politiques d’un geste humanitaire à haut risque

Le premier ministre cambodgien a autorisé le débarquement vendredi 14 février des passagers du "Westerdam". Parmi eux, une croisiériste contaminée. Le geste de soutien à la Chine vire à la catastrophe sanitaire.

Article rédigé par franceinfo - Louise Bodet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Les passagers du "Westerdam" débarquent à Sihanoukville, au Cambodge, le 14 février 2020. (TANG CHHIN SOTHY / AFP)

Plus de 250 mètres de long, 32 mètres de large, 11 ponts. Depuis jeudi 13 février, le navire de croisière américain Westerdam est amarré au port de Sihanoukville, au Cambodge. Embarqués dans cette ville flottante : 2 257 passagers et membres d'équipage. Plus de la moitié d’entre eux ont tranquillement débarqué vendredi, accueillis avec bouquets de fleurs et accolades – mais sans masque de protection – par le Premier ministre cambodgien Hun Sen.

Une mise en scène soignée, qui vise à démontrer que le Cambodge échappe à la "maladie de la peur", seule véritable menace selon l'homme fort du pays, qui depuis le début de l'épidémie de coronavirus Covid-19 minimise sa dangerosité. Après deux semaines d'errance et cinq refus d'amarrage, le Westerdam a donc pu accoster et ses passagers débarquer. Problème : une croisiériste américaine a depuis été confirmée comme étant porteuse du virus. Le geste humanitaire vire au cauchemar sanitaire.

Le Premier ministre Hun Sen, grand allié de Pékin

Depuis ce week-end, on piste les passagers disséminés dans le monde entier et on s'interroge sur les motivations du Premier ministre. Hun Sen, grand allié de la Chine, fait du zèle pour s'attirer les bonnes grâces de Pékin.

Les touristes chinois ? Ils restent les bienvenus au Cambodge, contrairement à d’autres pays qui leur ferment la porte. Les étudiants cambodgiens coincés à Wuhan ? Pas question de les rapatrier. Le port de masques de protection ? "Plus efficace à diffuser la peur qu'à arrêter les microbes" affirme, bravache, Hun Sen qui, le 5 janvier, en pleine épidémie, est allé faire acte d'allégeance à Pékin, avec séance photo aux côtés de Xi Jinping.

Dépendance économique

La clé de ce soutien politique est économique. La Chine est en effet, et de très loin, le premier investisseur étranger au Cambodge, son premier fournisseur, son premier pourvoyeur d'aide au développement et son premier prêteur : ses concours représentent plus de 50% de la dette totale de l'État cambodgien.

L'Empire du milieu tient littéralement l'économie de Sihanoukville, ses hôtels, commerces et casinos, tout comme, à trois heures de route, l'immense complexe balnéaire de Dara Sakor, son golf, son port en eau profonde, son aéroport. Washington soupçonne même Pékin de vouloir construire une base militaire navale au large des côtes cambodgiennes.

Une domination qui sert aussi les intérêts d'Hun Sen : le dirigeant cambodgien, au pouvoir depuis bientôt 35 ans, a besoin de s'adosser à son puissant allié pour mieux se passer de l'Occident, qui en contrepartie de son aide, lui demande des comptes en matière de droits de l'Homme et des travailleurs.

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