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Covid-19 : pourquoi l’Inde devient le deuxième pays le plus touché au monde

L'Inde pensait en avoir quasiment terminé avec le coronavirus. Elle se retrouve aujourd'hui débordée par l'épidémie. Explications.

Article rédigé par Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Un participant du pèlerinage de la Kumbh Mela, à Haridwar (Inde) subit un test anti Covid-19 le 12 avril 2021 (XAVIER GALIANA / AFP)

160 000 nouveaux cas de coronavirus par jour, 13,6 millions depuis le début de l'épidémie... Les chiffres sont à l'image de ce sous-continent : démesurés, gigantesques. Le virus se propage à une vitesse jamais observée depuis le début de la crise : en une semaine les cas ont progressé de 70%. Sur les graphiques, la courbe monte brutalement à la verticale.

Après un confinement de plusieurs mois extrêmement strict l'an dernier, l'Inde pensait avoir laissé l'épidémie derrière elle. Aujourd'hui, ses gigantesques mégalopoles renouent avec les restrictions et couvre-feu. À Bombay ou New Delhi, les services de réanimation des hôpitaux sont débordés - par des patients de plus en plus jeunes.

Trop de rassemblements

Très vite, trop vite, les Indiens ont oublié la distanciation sociale, les rassemblements ont de nouveau été autorisés. En ce moment c'est le grand pèlerinage hindou de la Kumbh Mela, l'un des plus importants au monde. Lundi 12 avril, pour le rite de l'immersion dans la ville sacrée d'Haridwar, au pied de l’Himalaya, des centaines de milliers de personnes se sont bousculées pour plonger ensemble dans le Gange.

Rassemblements politiques aussi : tout le mois d'avril des élections régionales se tiennent dans le Bengale-Occidental et les meetings continuent avec des milliers de militants qui s'agglutinent - sans masque évidemment.

L'apparition des variants

Le deuxième facteur qui explique cette reprise de l'épidémie, c'est l'apparition des variants, sud-africain et brésilien, mais aussi d'un variant indien "double mutant", lui aussi plus contagieux. Ses symptômes sont différents (on parle de saignements de nez), mais surtout les médecins montrent qu'un grand nombre de cas ne sont même plus détectés par les tests PCR : des scans sont nécessaires pour confirmer les infections.

Comment renverser la tendance ? L'objectif de l'Inde, c'est d'accélérer au maximum la vaccination pour atteindre l'immunité collective. Le pays en est à 4 millions de doses par jour. Plus de 100 millions de personnes ont déjà été vaccinées. Sauf qu'à ce rythme, le risque est de manquer de vaccins.

Blocage des exportations

Le Premier ministre Narendra Modi a donc mis un grand coup de frein sur les exportations. Son Institut du Sérum fait de l'Inde le plus gros producteur mondial de vaccin en nombre de doses (70 millions par mois en moyenne), notamment pour l’Astra-Zeneca produit sous le nom de Covishield.

Des doses que l'Inde envoyait partout dans le monde, y compris au sein du programme Covax pour les pays les pauvres. C'est fini au moins jusqu'en juin : la priorité c'est la campagne de vaccination nationale. New Delhi se défend absolument de bloquer ou d’interdire les exportations, expliquant que les commandes d’autres pays seront bien honorées… Mais pas avant deux ou trois mois au mieux, le temps de vacciner la population indienne. 1,3 milliard d’habitants : cela peut prendre du temps.



Blocage identique d'ailleurs sur le Remdesivir, un médicament capable d'écourter la période de rétablissement pour certains malades.

Dernière mesure, en urgence : lundi 12 avril le pays a approuvé l’utilisation du vaccin russe Spoutnik V. Ce changement de stratégie sera-t-il efficace ?

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