Deux médaillés olympiques menacés de sanctions par la Corée du Nord

Le régime totalitaire de Kim Jong Un pourrait punir deux de ses champions olympiques de tennis de table, qui, pendant les Jeux olympiques de Paris, s’étaient prêtés à un selfie avec leurs concurrents sud-coréens. Une photo devenue virale, mais très critiquée par Pyongyang.
Article rédigé par Sébastien Laugénie
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Les pongistes nord coréens Ri Jong Sik et Kim Kum Yong (les deux plus à gauche), lors de la remise de médailles du double mixte de tennis de table, le 30 juillet 2024 aux JO de Paris. (WANG Zhao / AFP)

C’est l’une des images historiques qui ont marqué les Jeux Olympiques de Paris. Les pongistes sud-coréens, médailles de bronze en double mixte, et leurs voisins nord-coréens, médailles d'argent, se retrouvent tous sur le même podium, le 30 juillet 2024, un moment de rare unité, immortalisé par l’un des joueurs sud-coréens. Il prend un selfie où apparaissent les deux sportifs nord-coréens médaillés d’argent, mutiques et totalement inconnus dans le monde du ping pong.

Ce cliché a été salué dans le monde entier, à la une de tous les journaux, un symbole de l’esprit olympique, saisi de surcroît par un téléphone Samsung, fleuron de la tech sud-coréenne et sponsor des JO.

Une image critiquée par Pyongyang

D'après le journal Daily NK, spécialiste de la Corée du Nord, les deux médaillés font désormais l’objet d’une enquête dans leur pays. Ri Jong Sik et Kim Kum Yong ferait l’objet d’une "évaluation idéologique", une procédure qui consiste à nettoyer l’équipe de son exposition à l’étranger.

Ils seraient accusés d’avoir "souri" sur la photo aux côtés de leurs rivaux sud-coréens, alors qu’ils auraient reçu, avant de partir à Paris, des "instructions spéciales" pour ne pas interagir avec les athlètes des autres pays et tout particulièrement avec ceux de Corée du Sud, avec qui la Corée du Nord est toujours en guerre techniquement depuis 1953.

Selon la presse sud-coréenne, cette procédure, habituelle pour les sportifs qui reviennent de l’étranger, est censée durer un mois, afin de les purger de toute influence de la culture "non socialiste". Mais dans le cas des deux pongistes, elle pourrait en théorie donner lieu à des sanctions disciplinaires, politiques ou administratives, dont il est impossible de connaître, à ce stade, la gravité.

Des relations diplomatiques glaciales

Le contexte géopolitique explique, en grande partie, cette décision. Car il y six ans, en 2018, lors des Jeux olympiques d’hiver en Corée du Sud, les deux délégations avaient défilé ensemble à la cérémonie d’ouverture, et même aligné une équipe unique en hockey sur glace féminin.

À l’époque l’heure était au réchauffement diplomatique. Mais depuis, les relations sont devenues glaciales. Pyongyang menace Séoul avec des tests de missiles toujours plus puissants. Le dernier en date a lieu juste trois semaines avant le début des JO de Paris.

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