Dissolution de l'Assemblée nationale : comment Washington, Moscou et Pékin regardent le séisme des élections européennes
Après le séisme des élections européennes et la dissolution de l'assemblée nationale en France, comment les capitales étrangères analysent-elles la situation ? Tour d'horizon.
Aux États-Unis : une situation qui préfigure le paysage électoral américain
Pour Washington, ce scrutin n'est pas un simple coup de tonnerre, mais le creuset d'une nouvelle ère politique durable pour l'Occident. "L'Europe d'extrême droite est là pour durer" écrit le Washington Post. Les difficultés des dirigeants sociaux-démocrates à faire rempart à l'extrême droite européenne font écho à la lutte de Joe Biden contre le mouvement trumpiste.
Les commentateurs expliquent que l'ancien président américain et le camp républicain se sentent encouragés par le résultat des européennes de2024 comme ils l'ont été par la victoire de l'ultralibéral Javier Milei en Argentine.
Breitbart, le média complotiste fondé par Steeve Bannon, ancien conseiller de Donald Trump va même plus loin, quasi triomphant, persuadé que cet élan mondial contre le mondialisme préfigure le futur paysage électoral américain... Un peu comme le succès du référendum sur le Brexit avait précédé la victoire de Trump en 2016.
Les médias ne comprennent toujours pas la décision du président français de dissoudre l'Assemblée nationale. "Macron fait un énorme pari", écrit notamment Roger Cohen dans le New York Times. "À première vue, il n'y a guère de logique à convoquer des élections à partir d'une position de grande faiblesse. M. Macron aurait pu ne rien faire. Il aurait pu également remanier son gouvernement ou simplement changer de cap en contrôlant plus strictement l'immigration et en renonçant à ses projets contestés de durcissement des règles relatives aux allocations de chômage".
En Russie : le mépris de Moscou
Vues de Russie, les élections européennes n'ont pas beaucoup d'importance. En revanche, dans la droite ligne de la campagne anti-française liée au soutien de Paris à l'Ukraine, les médias ne se privent pas de taper sur Emmanuel Macron. L'agence officielle RIA Novosti compare ainsi la défaite du camp présidentiel à la Bérézina de Napoléon, parce que le chef a voulu "complaire à Washington et "faire de la lèche" à Bruxelles".
Le président de la Douma, proche de Vladimir Poutine, met d'ailleurs dans le même sac les dirigeants français et allemand (bien qu'Olaf Scholz ait refusé de dissoudre le Bundestag). Ces deux-là "s'accrochent au pouvoir avec l'énergie du désespoir", dit Vyacheslav Volodin. "iIs devraient démissionner". Le tabloïd Komsomolskaïa Pravda, pro-Kremlin, rajoute que le locataire de l'Élysée affaibli est comme "Zelensky en Ukraine : un président illégitime". Notons au passage que le pouvoir comme la presse évite de se réjouir trop bruyamment de la victoire du Rassemblement national.
En Chine : la mise à distance
Le quotidien Global Times qui résume la position du régime remet l'Europe à sa juste place : les résultats des européennes liés à des questions intérieures, auront bien moins d'impact sur la marche du monde que l'élection du prochain président américain.
Des chercheurs soulignent tout de même que la percée des nationalistes conduira à plus de protectionnisme sur les sujets économiques et commerciaux, ce qui pourrait être "une nouvelle source de friction" entre Pékin et Bruxelles. Sur le réseau social Weibo, quelques internautes tentent bien d'expliquer quelles pourraient être les conséquences de l’arrivée de l’extrême droite au pouvoir en France, mais rares sont ceux qui maîtrisent les arcanes de la politique européenne. Loin de ces considérations, d'autres internautes s'inquiètent surtout de l'impact de la crise politique en France sur... les Jeux olympiques.
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