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Durcissement des restrictions pour lutter contre le coronavirus : ça grogne en Europe

Il n'y a pas qu'en France que la grogne monte contre les mesures de restrictions qui se durcissent pour lutter contre le coronavirus. C'est le cas aussi en Allemagne, en Espagne et au Royaume-Uni.

Article rédigé par franceinfo, Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
La chancelière allemande Angela Merkel le 14 octobre 2020.  (STEFANIE LOOS / AFP)

Depuis le début de la semaine, face au regain de la pandémie de coronavirusles mesures de restrictions se durcissent en Allemagne, au Royaume-uni ou encore en Espagne. Des décisions de plus en plus contestées par une partie de la population et de la classe politique.

L'interdiction d'hébergement fait débat outre-Rhin

L'Allemagne vient d'enregistrer ces dernières 24 heures un nombre de contaminations record : 6 000 cas par jour. Un seuil modeste comparé aux 20 000 en France, mais qui suffit à crisper l'opinion et les autorités publiques.

Le 14 octobre, le gouvernement et les patrons des régions ont passé huit heures autour d'une table pour trouver un consensus sur les restrictions à adopter. Ils n'ont pas réussi à s'entendre sur un point de friction : l'interdiction d'hébergement.

Cette interdiction ("Beherbergungsferbot" en allemand), ça veut dire qu'un habitant qui vient d'une zone rouge comme Cologne ou Berlin n'a pas le droit d'aller dormir à l'hôtel dans des zones vertes comme en Bavière, dans le Brandebourg ou sur la mer Baltique, qui sont des zones relativement touristiques. Il peut y aller pour travailler... mais pas pour y dormir.

Cette disposition ne fait que des mécontents, à commencer par les hôteliers qui envisagent de porter plainte contre les autorités. Les associations de médecins aussi, qui dénoncent une mesure "absurde", "superflue et même nuisible" puisqu'elle ne contribue pas à une meilleure acceptation de la politique anti-coronavirus. Sans oublier les vacanciers qui ne savent plus où aller pour la Toussaint... et pour qui il sera finalement plus facile de voyager en Grèce ou en Italie qu'à l'intérieur de leur propre pays.

Les choix de Boris Johnson : entre trop et pas assez

Au Royaume-Uni aussi, un climat de défiance s'est installé. Les choix de Boris Johnson sont mis en cause par le leader de l’opposition Keir Starmer, mais aussi par le conseil scientifique qui travaille aux côtés du gouvernement.

Depuis plusieurs jours déjà, le chef des travaillistes, comme les experts, réclament une solution radicale : un confinement total de deux semaines - qui coïnciderait avec les vacances. Les experts assurent qu'une telle mesure permettrait de réduire d’un tiers le nombre de morts d’ici à la fin de l’année. Le Premier ministre s'y oppose.

En même temps, le camp conservateur reproche au chef du gouvernement de prendre des mesures trop dures pour les villes les plus touchées, comme Liverpool et Manchester, où de nouvelles restrictions sont attendues aujourd'hui. Leurs élus ont menacé d'engager une action en justice.

Après Madrid, la Catalogne focalise les tensions

Ça ne se passe pas mieux en Espagne. C'était déjà la guerre de tranchée entre le gouvernement socialiste et la région de Madrid, vitrine de la droite, au sujet du confinement par périmètres pour près de 4 millions d'habitants. Maintenant c'est la Catalogne qui rentre dans le jeu puisque les bars et les restaurants vont fermer pendant 15 jours. "Une mesure disproportionnée" d'après un conseiller municipal socialiste de Barcelone.

Une prise de position qui apporte de l'eau au moulin de l'extrême droite. Le parti Vox dénonce lui aussi une mesure "dénuée de sens" qui accentue la crise économique bien au-delà du secteur de l'hôtellerie et de la restauration. La peur et la sidération qui avaient marqué le printemps ont fait place à une période bien plus compliquée pour les pouvoirs publics, dont chaque décision est désormais débattue.

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