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Égalité femmes-hommes : selon l'ONU, il va encore falloir attendre... 300 ans

Il va falloir encore des siècles pour parvenir à une parfaite égalité entre les femmes et les hommes dans le monde. C'est le constat d'un rapport rendu public, jeudi 8 septembre, par les Nations Unies.

Article rédigé par Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Illustration égalité femmes-hommes. (CARBONERO STOCK / MOMENT RF)

Au rythme où vont les choses, il faudra attendre. Attendre. Attendre. Attendre environ... 300 ans pour venir à bout de toutes les disparités entre les sexes sur cette planète, 286 années précisément. Mais, sur cette échelle, on n'est plus à treize ans près.

Pour arriver à ce chiffre vertigineux, l'agence ONU Femmes et le département des Affaires économiques et sociales des Nations unies ont passé en revue tous les critères possibles et imaginables : lois discriminatoires, accès à l'éducation, à la santé, salaires et progression hiérarchique au travail, protection juridique, niveau de vie, représentation dans les parlements nationaux – sur ce seul critère, mesdames, n'espérez rien avant 2060. L'ONU avait pourtant fixé, dans ses objectifs de développement durable, l'égalité totale des sexes d'ici 2030. Vous voulez un scoop ? On n'y arrivera pas.

Le monde est revenu cinq ans en arrière

Évidemment, il y a des disparités énormes selon le pays (ou la région du monde) où l'on vit. Mais, globalement, les experts disent que les inégalités s'aggravent. Le grand fautif ? Le Covid-19. Le PNUD, le programme de l'ONU pour le développement, estime dans un rapport que, en raison de la pandémie et de la crise économique qui a suivi, le monde est revenu cinq ans en arrière en matière de développement.

L'espérance de vie, par exemple, a diminué. Elle est passée de 73 ans en 2019 à 71,4 ans en 2021. L'auteur principal du rapport, Pedro Conceicao, décrit cette baisse comme un "choc sans précédent", notant que certains pays – dont les États-Unis – ont connu des baisses de deux ans ou plus.

Ce recul de développement inédit alimente la contestation sociale et concerne plus de 90% des pays dans le monde. Or, quand la pauvreté s'accroît, les femmes sont plus nombreuses que les hommes à en souffrir. L'ONU a fait des calculs : 383 millions de femmes et de filles vivront d'ici la fin de l'année dans une extrême pauvreté, avec moins de 1,90 dollar par jour. À cela, vous pouvez ajouter les guerres et les conflits, le bouleversement climatique ou des gouvernements qui reviennent sur les droits fondamentaux.

L'égalité dans le foyer comme dans la société

Certaines histoires, toutefois, peuvent faire démentir cette tendance... Comme ce couple d'universitaires turcs, de la région d'Izmir, qui a été le premier à signer un "accord sur l'égalité des sexes" avant de se marier cet été.

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Selon eux "s'il n'y a pas d'égalité, il ne peut pas y avoir d'amour". Devant leurs témoins et madame le maire, Zeleha et Murat se sont engagés à être "les deux moitiés égales d'une vie égale", notion qui n'apparaît nulle part dans les textes régissant le mariage traditionnel, pas plus en Turquie que dans le code civil en France. Leur geste est d'autant plus fort que la Turquie s'est retirée l'an dernier de la Convention d'Istanbul, un texte qui engage les États à agir contre la violence à l’égard des femmes.

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