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Election présidentielle en Turquie : l'heure des alliances avant le duel Erdogan - Kiliçdaroglu

À l'approche de l'élection présidentielle et des élections législatives en Turquie, le duel entre Recep Tayyip Erdogan et Kemal Kiliçdaroglu se confirme. Les autres candidats tentent de monnayer, de la meilleure des manières, leur soutien.
Article rédigé par franceinfo - Marie-Pierre Vérot
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le président turque Recep Tayyip Erdogan (à gauche) sera opposé à Kemal Kiliçdaroglu  (à droite) le leader de l'opposition. (ADEM ALTAN / AFP)

À moins de 50 jours des élections présidentielle et législatives en Turquie, on connaît désormais les candidats qui aspirent à la fonction suprême. Ils sont un peu plus d'une dizaine d'hommes, âgés de 44 à 80 ans, en cette année où la Turquie célèbre le centenaire de la République fondée par Mustafa Kemal Atatürk. La plupart feront de la figuration, puisqu'il est largement acquis que le duel se jouera entre le président sortant Recep Tayyip Erdogan et Kemal Kiliçdaroglu le dirigeant du CHP, le parti républicain du peuple, fondé par Atatürk.

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Alors, les alliances se nouent et les tractations s’intensifient, car se profilent aussi les élections législatives. Chacun tente, donc, de monnayer au mieux son soutien. De son côté, Recep Tayyip Erdogan a essuyé un camouflet : Mehmet Simsek, qui fut son ministre des Finances et qui est un économiste reconnu, a snobé ses avances. L'actuel président lui offrait un poste et lui avait promis de revenir, après l’élection, à une politique économique plus orthodoxe. Une stratégie habile pour rassurer les milieux d’affaires turcs et les investisseurs étrangers. Mais Mehmet Simsek a déclaré que, s’il était toujours prêt à donner de bons conseils, il ne souhaitait pas revenir en politique.

Kemal Kiliçdaroglu, principal rival d'Erdogan

En revanche, Erdogan est parvenu à faire rentrer dans le rang Fatih Erbakan, le fils de l’ancien Premier ministre Necmettin Erbakan, chantre de l’islam politique. Après avoir annoncé sa candidature dans un premier temps, il a finalement choisi de soutenir le président sortant. S'il pèse entre 1,5 et 3% des suffrages, ce qui est loin d’être négligeable, il reste à voir ce que cet islamiste très conservateur a obtenu en échange.

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Toutefois, Erdogan a subi un deuxième camouflet politique, au profit, cette fois, de son adversaire. Kemal Kiliçdaroglu a en effet reçu le soutien tacite du parti pro-kurde, le HDP, troisième parti du pays. Le HDP a annoncé qu’il ne présenterait pas de candidat à la présidentielle. L’objectif est bien d’aider à battre Recep Tayyip Erdogan.

Reste que ce dernier, aussi, a un parti kurde dans sa besace : le HüdaPar, un groupuscule islamiste proche du Hezbollah. Il ne rapporte que peu de voix, mais le camp présidentiel espère diviser le vote kurde et forcer à un second tour avec ce ralliement. Car c’est la hantise du président : perdre pied dès le 14 mai. Il fera alors tout son possible pour grignoter chaque voix, afin d’empêcher son rival d’avoir plus de 50% des suffrages. Un second tour serait, en effet, périlleux pour le candidat du CHP face à un Erdogan très habile et excellent en campagne.

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