En 2023, 30 000 migrants ont traversé la Manche de manière illégale

C'est beaucoup moins qu'en 2022. Le chiffre est scruté de près au Royaume-Uni où le gouvernement a promis de reprendre le contrôle des frontières.
Article rédigé par Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Des migrants à bord d'un bateau semi-rigide tentent de rejoindre la côte sud de l'Angleterre, le 5 avril 2023. (BEN STANSALL / AFP)

C'est le ministère de l'intérieur britannique qui tient le décompte : 30 000 arrivées sur les côtes anglaises en 2023 contre 45 000 en 2022. La baisse est significative et les conservateurs au pouvoir s'en attribuent évidemment tout le mérite.

Il n'y a, par exemple, quasiment plus aucun Albanais dans les bateaux qui tentent le périlleux voyage de la France vers l'Angleterre. Leur nombre a chuté de 90%, conséquence d'une convention très dissuasive avec Tirana qui implique désormais leur renvoi immédiat. Londres se félicite aussi régulièrement de l'accord signé au printemps avec la France pour renforcer la surveillance du littoral.

Les choses ne sont pas si simples

Pour le syndicat des personnels frontaliers, cette baisse des arrivées n'est qu'une anomalie statistique, un trompe-l’œil liée, non pas aux mesures du gouvernement, mais aux mauvaises conditions météo. Des vents violents ont soufflé plus que d'habitude sur la Manche notamment cet été et ont dissuadé les départs. Nous serions bien naïfs de croire que les flux vont ralentir, disent ces personnels car on voit des embarcations qui sont de plus en plus grandes et de plus en plus solides. L'opposition approuve et rappelle que, si l'on élargit la focale et qu’on regarde les chiffres sur cinq ans, 2023 représente l'une des années où les arrivées ont été les plus nombreuses.

Le Premier ministre Rishi Sunak va donc avoir du mal à en tirer un bénéfice politique d'autant qu'il y a un an, il avait fait cette promesse d'arrêter les bateaux : "Stop the boats" était son slogan, sa priorité.

Or il y a un mois, il a dû admettre qu'il n'avait pas d'échéance précise à donner. Rishi Sunak est le cinquième Premier ministre depuis le référendum de 2016 sur le Brexit qui promettait aux Britanniques qu'ils retrouveraient le contrôle de leurs frontières. Tenant d'une ligne dure sur l'immigration, il place désormais tous ses espoirs dans un accord avec le Rwanda pour y renvoyer les demandeurs d'asile déboutés. La première version du projet porté par son prédécesseur Boris Johnson a été bloquée par la Cour suprême, une nouvelle version sera proposée ce mois-ci au vote des députés.

Le sujet est d’autant plus délicat pour le locataire de Downing Street que l'aile droite de son propre parti menace de le faire chuter si le texte n'est pas assez musclé. Rishi Sunak joue gros, les conservateurs sont pour l'instant largement distancés dans les sondages alors que l'immigration sera l'un des sujets majeurs des législatives qui doivent se tenir cette année. C'est lui qui doit en fixer la date. Il risque de les repousser le plus possible le temps de tenir ses promesses.

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