En Allemagne, un nouveau parti "ni droite ni gauche" : mauvaise nouvelle pour le chancelier Scholz ?
Elle s’appelle Sahra Wagenknecht. Eloquente, charismatique, réputée combative, cette philosophe de formation de 54 ans est une figure bien connue en Allemagne : c’est la personnalité la plus invitée en ce moment sur les plateaux télé.
Pour former son nouveau parti, Sahra Wagenknecht a fait voler en éclats au Bundestag le groupe de gauche die Linke, qu’elle a quitté avec neuf autres députés. Son mouvement se veut antisystème, et s’adresse, dit-elle, à tous ceux qui ne se sentent plus représentés par aucun parti : "Nous avons fondé le nouveau parti pour nous débarrasser des erreurs politiques, de l'incompétence et de l'arrogance qui règne ici, dans la région de Berlin. Tout cela divise notre pays, compromet notre avenir et met en danger notre démocratie."
En 2018, déjà, Sahra Wagenknecht avait tenté de lancer sa propre formation avant de renoncer. Cette fois, c’est mieux engagé : son Alliance a déjà récolté 1,4 million d’euros de dons. Elle compte 44 membres, qui seront bientôt rejoints par 400 autres, promet la dirigeante.
Le parti "du retour à la raison"
Quant à son positionnement sur l’échiquier politique, ne demandez pas à Sahra Wagenknecht si son Alliance est de gauche ou de droite : elle refuse les étiquettes. Son parti est simplement celui "du retour à la raison", dit-elle. Clairement, le mouvement emprunte des idées chères à l’extrême-droite, comme la réduction du nombre de migrants ou la fin des livraisons d’armes à l’Ukraine. Wagenknecht défend aussi un rapprochement avec Moscou, pour offrir à l’Allemagne un approvisionnement énergétique bon marché.
Sa politique sociale, elle, penche plutôt à gauche : dans son programme qui tient en cinq pages, Sahra Wagenknecht promet de défendre les classes populaires, d’augmenter les retraites, bref de s’occuper de tous ceux qui sont laissés pour compte par le gouvernement d’Olaf Scholz.
Un sondage paru dans Bild le mois dernier crédite la formation de 12% d’intentions de vote en cas d'élections fédérales. Pas si mal, alors que le parti n’a pas encore dévoilé son programme. Le moment est en tout cas bien choisi pour Sahra Wagenknecht, qui veut profiter de l’impopularité du gouvernement d’Olaf Scholz, du mécontentement face à la hausse de l’immigration dans une Allemagne dont l’économie tourne au ralenti.
Sahra Wagenknecht espère bien séduire aussi les électeurs de l’ex-Allemagne de l’Est, dont elle est originaire. Il y a dans ces régions un fort sentiment d’abandon et dans trois d’entre elles, des élections régionales sont prévues en septembre. Ce seront des baromètres intéressants pour savoir si la greffe a pris, si ce nouveau parti parvient à s’installer dans le paysage politique.
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