Arménie : le Premier ministre, en pleines négociations avec l'Azerbaïdjan, doit faire face à l'hostilité d'une partie de sa population
Le Premier ministre arménien Nikol Pachinian est en butte à l’hostilité d’une partie de la population, qui lui reproche de céder trop facilement aux convoitises du maître de Bakou. L’Azerbaïdjan a pris le contrôle du Haut-Karabakh en fin d’année dernière. Depuis, les deux pays ont repris des discussions, l’objectif étant de parvenir à signer enfin un traité de paix et surtout de convenir du tracé d’une frontière commune.
Pour commencer à sécuriser une partie de cette frontière, Nikol Pachinian a dû faire des concessions. En novembre dernier, il a accepté de rendre à l’Azerbaïdjan quatre villages situés dans le nord-est du pays, dont l’Arménie s’était emparée dans les années 1990, après la chute de l’Union soviétique. Des villages où plus personne n’habitait et qui tombaient en ruines. Bakou a obtenu leur restitution et les deux pays ont pu commencer à tracer une partie de leur frontière commune, une douzaine de kilomètres en plusieurs tronçons. Ce n’est qu’un début, mais le Premier ministre arménien a salué un jalon très important vers la souveraineté et l’indépendance de son pays.
Une fronde menée par un religieux
L’ennui c’est que sur place les villageois ne l’entendent pas de la même oreille. Beaucoup vivent dans la crainte des soldats de Bakou. Les garde-frontières se sont rapprochés de chez eux. De plus, ces quatre villages commandaient une route stratégique pour l’Arménie, la reliant à la Géorgie par où transitent le commerce et le gaz russe. Mais ce que lui reprochent surtout ses opposants, c’est de n’avoir obtenu aucune contrepartie de l’Azerbaïdjan alors que les troupes de Bakou occupent illégalement des terres arméniennes.
L’archevêque de la province du Tavoush, où se situent ces quatre villages, a rassemblé plusieurs milliers de partisans d’abord sur place puis dans une longue marche vers la capitale. Cette semaine, il a de nouveau appelé à destituer Nikol Pachinian. La fronde ne déplaît pas à la vieille garde prorusse et à Moscou.
Le Premier ministre fait valoir qu’il n’avait guère le choix : il est en effet seul face à l’Azerbaïdjan dans les négociations de paix. Et le rapport de force est très déséquilibré. Bakou est riche, puissante militairement grâce notamment à l’appui turc. Céder ces villages, c’était, dit-il, la seule solution pour éviter une nouvelle guerre. Et une bien plus grande tragédie.
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