En Syrie, "19 femmes" dont le courage force le respect
La planète tourne et ce matin nous nous posons à Paris, terre d'exil pour l'écrivaine syrienne Samar Yazbeck.
Paris, terre d’exil pour écrivaine. Samar Yazbek est l’une d’elles. Elle est syrienne, elle est née là bas en 1970. Elle étudie la littérature arabe à l’université, elle se met à écrire, puis en 2011 éclate la révolution. Elle fait partie de ceux qui descendent dans les rues, portés par l’envie de tourner une page de l’Histoire et de faire entendre une autre voix que celle des Assad. Mais elle est menacée et elle fuit. Elle a cette chance, dit-elle, de pouvoir se réfugier à Paris. Elle retourne clandestinement en Syrie, écrit des romans forts, bouleversants, comme par exemple La Marcheuse.
Elle voyage, parle de la Syrie et de ses livres. Et puis un jour, dans un train, elle rencontre une famille de réfugiés syriens. Elle écoute leur récit, prend des notes et se dit que c’est là son rôle : écouter et raconter. Samar Yazbek part à la rencontre de Syriens dans toute l’Europe. Et se met à écrire ce livre au titre tout simple : 19 femmes. Dix-neuf femmes venues de toute la Syrie, issues de classe moyenne, qui ont des études, un métier, une famille et qui a un moment ont choisi de ne pas subir, de s’engager, de se battre pour un espoir : à la fois personnel et national. Changer leur vie et renverser un régime.
Des récits racontent la guerre en Syrie, sans être un livre de guerre
C’est ce qui fait la force de ces témoignages. Bien sûr, on y lit l’abomination de la guerre, la répression par le régime, la torture. Mais ce qu’on y lit surtout, c’est l’espoir. Un espoir qui est né et que le régime ne pourra pas ensevelir. Pour tous ceux, et nous tous, qui voyons depuis 2011 des images de combattants, des hommes uniquement, ce livre est important car il donne enfin aux femmes leur place dans la révolution syrienne. Ce sont des faits, des moments incontestables de ce qu’il s’est passé et qui ont aujourd’hui une valeur historique, tout en permettant de comprendre ce qu’il s’est passé à Damas, Alep, Homs, etc.
Je parle au passé, mais il faut dire ce qu’il se passe. Hier, par exemple, le conseil de sécurité des Nations unies a rejeté une résolution de cessez-le-feu à Idlib, ville bombardée depuis quatre mois par le régime et les Russes. La Russie a opposé son véto. Raison de plus, s’il en fallait encore, pour lire 19 femmes, de Samar Yazbeck, publié chez Stock.
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