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En Turquie, le conservatisme religieux exacerbé à l'approche des élections

De nouveaux signaux viennent illustrer cette semaine le virage conservateur et religieux que le président Erdogan entend donner au pays.
Article rédigé par franceinfo - Marie-Pierre Vérot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Le président turc Recep Tayyip Erdogan lors du G20 en Indonésie, le 16 novembre 2022 (CHRISTOPH SOEDER / DPA)

Premier signe de ce durcissement des autorités turques : le procès contre la chanteuse pop Gülsen, poursuivie pour incitation à la haine. Lors d’un concert, elle a osé se moquer des imam hatip, ces écoles religieuses qui ont tant prospéré sous Erdogan. Il en est d’ailleurs issu. On ne plaisante pas avec la religion. Depuis une vingtaine d’années qu’il dirige la Turquie, Recep Tayyip Erdogan n’a d’ailleurs eu de cesse de construire des mosquées, dont l’immense sur la place Taksim d'Istanbul, symbole de la république. Dans chacun de ses discours, le président promeut une société pieuse. Il abhorre les mouvements LGBT, "menace pour la famille et les valeurs de la Turquie", tonne-t-il.

Il vient d’ailleurs de soumettre au Parlement des amendements à la Constitution pour protéger le droit de porter le voile et protéger la famille, entendue comme l'union d'un homme et d'une femme. Gülsen, outre sa mauvaise blague, est justement l'une des égéries du mouvement LGBT et a le mauvais goût, selon ses détracteurs, de porter des tenues légères sur scène, ce qui lui vaut de véritables campagnes de harcèlement sur les réseaux sociaux.

Les festivités du Nouvel An, "une atteinte à l'identité turque"

 

La direction des affaires religieuses, la Diyanet, dont le budget supérieur à celui de plusieurs ministères régaliens fait jaser l'opposition, dénonce les festivités du Nouvel An dans un sermon lu vendredi 23 décembre dans les mosquées. "Une atteinte à la culture et à l'identité turque", est-il écrit. Sous l’influence de cultures étrangères, les musulmans se seraient éloignés de leurs propres croyances.

Cette petite musique sur un Occident pervers et corrupteur, on l’entend de plus en plus, notamment  dans les discours présidentiels. Vendredi encore, Recep Tayyip Erdogan estimait que les pays de l’organisation de coopération islamique étaient bien mieux placés que les pays occidentaux en matière de démocratie et de droits… Se prenant à rêver qu’un jour "leur vieux système s’écroule pour qu’émerge un ordre mondial plus respectueux de l’humanité." C’est vrai que la Turquie dénonce régulièrement le racisme de l’Europe envers les migrants. Et à l'approche des élections prévues au plus tard dans six mois, la liste des ennemis à l'intérieur ou à l'extérieur risque fort de s'allonger.

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