Cet article date de plus d'un an.

Espagne : le "tsunami" électoral contre la gauche, symbole de la droitisation de l'Europe

Les élections municipales et régionales, dimanche 28 mai, ont donné un fort avantage au Parti populaire. Un avertissement sérieux pour le Parti socialiste, au pouvoir depuis cinq ans, avant les élections législatives en décembre prochain.
Article rédigé par Frédéric Says
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Les partisans du Parti populaire fêtent la victoire aux élections municipales à Madrid (Espagne), le 28 mai 2023. (JAVIER SORIANO / AFP)

Les Turcs n’ont pas été les seuls à se rendre aux urnes, dimanche 28 mai. Les Espagnols aussi étaient appelés à désigner leurs représentants lors des élections municipales et régionales, lors d'un scrutin-test, à six mois des législatives en décembre prochain. À tel point que les leaders des deux grands partis se sont impliqués personnellement dans la campagne. Une sorte de référendum : pour ou contre la gestion des socialistes, qui sont au pouvoir depuis cinq ans. Résultat : c'est une sévère déroute.

>> Espagne : très lourde défaite du parti socialiste lors des élections municipales et régionales

Le PSOE du Premier ministre Pedro Sanchez en ressort humilié dans les urnes : il perd six des neuf régions qu'il dirigeait. De nombreuses municipalités tombent à droite, dont Séville, Valence, Valladolid... Sur les dix premières villes du pays, les socialistes n'en dirigent plus qu'une seule. Les cadres du parti eux-mêmes parlent d'un "tsunami", d'une "marée de droite" face à l'usure du pouvoir, l'échec dans la lutte contre l'inflation, ainsi que les turbulences dans les alliances, notamment avec la gauche radicale. Le parti Podemos est d'ailleurs en fort recul dans ces élections. 

L'Europe face à la droitisation

C'est donc une victoire massive de la droite pour ces élections municipales et régionales en Espagne. Mais une victoire entachée par la progression de l'extrême-droite. Le parti Vox double son nombre de voix aux municipales, il atteint 7% et confirme sa place de troisième force politique du pays. Surtout, les candidats de cette formation nationaliste et anti-immigration font leur entrée dans tous les parlements régionaux en Espagne. Des régions qui ont beaucoup plus de pouvoir qu'en France. Ce qui veut dire que la droite classique va devoir pactiser avec l'extrême-droite pour former des majorités dans ces conseils régionaux. Cela rappelle des débats en France : ce qu'on appelait à l'époque de Jacques Chirac le "cordon sanitaire". Faut-il perdre son âme ou perdre les élections ? Un dilemme qui n'a pas fini de hanter la droite espagnole.

Avec ce vote, l'Espagne suit la tendance politique en Europe : la droitisation. Encore la semaine dernière, la Grèce a reconduit son gouvernement conservateur. Avec les précédents : la droite victorieuse en Finlande il y a deux mois, en Suède l'an dernier, sans oublier l'Italie et sa coalition droite-extrême-droite... Seules exceptions - mais pour combien de temps ? -, le Portugal, gouvernement socialiste, et l'Allemagne, dirigé par une coalition entre les sociaux-démocrates, les Verts et les Libéraux. Bref, le centre de gravité politique de l'Europe se déplace toujours plus à droite.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.