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États-Unis : le zoo de Miami présente ses excuses à la Nouvelle-Zélande pour avoir maltraité un kiwi

Il y a de l'eau dans le gaz entre la Nouvelle-Zélande et le zoo de Miami, en Floride. Tout =cela à cause... d'un kiwi.

Article rédigé par Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Un kiwi en Nouvelle-Zélande. (DEA / C.DANI / I.JESKE / DE AGOSTINI EDITORIAL via GETTYIMAGES)

Le kiwi (l'oiseau, pas le fruit) est à peu près gros comme une poule, avec un dos tout rond, pas de queue (d'ailleurs, il ne vole pas) un plumage marron-gris, un bec clair très long, très fin. Il est surtout, depuis 1905, l'emblème national de la Nouvelle-Zélande, qui ne plaisante pas avec les symboles. Les kiwis "sont au cœur du mythe maori". Ils sont robustes, résistants, adaptables, autant de valeurs que l’on associe aux Néo-Zélandais. On ne les trouve que sur l'archipel (ils ont même donné son nom aux habitants), mais c'est une espèce menacée et protégée. La plupart des habitants n’en ont jamais vu un seul en liberté.

"Rencontre avec un kiwi"

Paora, 4 ans, est né et il vit au zoo de Miami aux États-Unis (mais comme les pandas avec la Chine, il reste propriété de la Nouvelle-Zélande). Il faut savoir que la diaspora des kiwis n'est pas très étoffée : 60 individus seulement vivent en captivité dans le monde. Pour faire rentrer un peu d'argent dans les caisses, le zoo qui avait célébré sa naissance en grande pompe a eu la bonne idée d'organiser des séances VIP avec Paora.

"Rencontre avec un kiwi" : 23 dollars pour le manipuler, lui caresser la tête, lui chatouiller les moustaches (car oui le kiwi a aussi des moustaches) ou lui donner à manger... le tout sous la lumière bien vive d'un projecteur pour qu'il reste éveillé : parfait pour les selfies sur Insta, mais pas génial pour le kiwi, volatile nocturne et pas franchement sociable.

Résultat, on a frôlé la crise diplomatique : dès qu'ils ont vu les images, les Néo-Zélandais se sont mis en colère. Ils ont lancé une pétition, organisé une campagne de mails de réclamations auprès du zoo, sonné l'alerte auprès du ministère de la Conservation, qui y est allé de son commentaire. D'autres ont même lancé des appels au Premier ministre pour qu'il évoque le sujet avec l'ambassadeur américain à Wellington.

"C'était franchement indéfendable"

En 24 heures le zoo a fait machine arrière, rédigé de longues excuses à l'un des plaignants et son porte-parole a répondu à tous les médias néo-zélandais comme ici sur une télévision locale

"C'était franchement indéfendable... On a eu tort", reconnaît Ron Magill qui regrette d'avoir "offensé une nation" et annonce que Paora n'aura plus aucun contact direct avec le public, la "rencontre avec un kiwi" est définitivement retirée du programme. Le Premier ministre néo-zélandais l'a aussitôt remercié "d'avoir pris la chose au sérieux". "Cela montre que les Néo-Zélandais sont très fiers de leur oiseau national lorsqu'ils sont à l'étranger, et qu'ils agissent s'ils voient des kiwis maltraités" a dit Chris Hipkins.

Les oiseaux, qui étaient autrefois au nombre de 12 millions en Nouvelle-Zélande, ont vu leur population chuter à seulement 68 000, selon l'organisation caritative Save the Kiwi, et les efforts de conservation ont sensibilisé les gens à leur vulnérabilité.

On connaissait la diplomatie du panda, on a désormais beaucoup à apprendre de la diplomatie du kiwi.

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