Guerre en Ukraine : qui sont ces combattants russes pro-Ukraine, qui attaquent leur propre pays ?

La Russie dit avoir repoussé mardi au moins deux incursions sur son territoire, près de la frontière. La particularité de ces offensives est qu'elles ont été conduites par des combattants russes, qui soutiennent l'Ukraine.
Article rédigé par Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Des membres du Corps des volontaires russes et de la légion de la Liberté de Russie, le 24 mai 2023 en pleine invasion russe. (SERGEY KOZLOV / EPA/ MAXPPP)

Il existe plusieurs groupes de volontaires russes pro-Ukraine : le "Bataillon sibérien" (Sibir), intégré à la Légion internationale des forces armées ukrainiennes ; le "Corps des volontaires russes" (RDK), fondé par le néo-nazi Denis Kapustin ; et celui qui était à la manœuvre mardi 12 mars, dans les régions frontalières de Belgorod et de Koursk, la légion "Liberté de la Russie". Selon le ministère russe de la Défense, des combattants venus d'Ukraine ont tenté de pénétrer mardi matin dans les régions frontalières de Belgorod et de Koursk, équipés de chars et de blindés et après un "pilonnage intensif" au cours de la nuit.

La légion Liberté de la Russie est composée d'opposants au régime de Vladimir Poutine, tous russes. Certains sont des militaires qui ont été faits prisonniers par les Ukrainiens au début de la guerre et qui ont changé de camp. D'autres sont des civils qui vivaient déjà en Ukraine, mais la plupart ont traversé la frontière depuis la Russie pour prendre les armes.

La légion Liberté de la Russie doit toujours informer l'État-major ukrainien des actions qu'elle mène, mais elle dispose d'une très grande autonomie. Elle a son propre quartier général de commandement, ses propres services logistiques. 

Formulaires de recrutement et appel aux dons

La légion Liberté de la Russie a été créée au printemps 2022, avec une centaine de personnes. On ne sait pas exactement combien d'hommes la composent aujourd'hui – certains disent 2 000 – mais ce n'est pas une formation clandestine. Elle a son site internet, sur lequel elle propose des formulaires de recrutement, et donne même ses coordonnées bancaires pour les dons, y compris en cryptomonnaie. Elle dispose aussi de son propre service de presse et de porte-parole.

Très actifs sur les réseaux sociaux, ses membres ont par exemple publié mardi une première vidéo, sur laquelle on voit trois blindés rouler dans le noir dans la campagne près de la frontière, puis une autre montrant selon eux des militaires russes quittant en courant le village russe de Tetkino. Moscou a assuré dans la soirée les en avoir délogés.

Ses unités d'assaut sont bien équipées et la légion Liberté de la Russie a revendiqué plusieurs raids en territoire russe ces derniers mois. Parfois avec d'autres formations comme le RDK, parfois de manière totalement indépendante. Leurs incursions visent d'abord à déstabiliser les forces russes en les contraignant à combattre sur leur territoire. Mais elles ont surtout un objectif psychologique, alors que Vladimir Poutine s'apprête à se faire réélire président pour six ans en l'absence de toute opposition.

"Comme tous nos concitoyens, nous rêvons d’une Russie libérée de la dictature de Poutine, dit la légion Liberté de Russie. Nous ne venons pas pour détruire ou pour punir, nous venons pour vous libérer d'une organisation terroriste qui s'est emparée du pouvoir. Pour donner à vos enfants un avenir normal, civilisé, sans sanction, ni répression... et sans guerre". Leurs actions ne sont évidemment pas suffisantes pour faire basculer le conflit, mais elles visent à ouvrir les yeux d'une société russe plus désunie que le Kremlin ne veut le montrer.

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