Guerre entre le Hamas et Israël : après une semaine de cafouillages, la diplomatie européenne peine à parler d'une même voix

Alors que le président Joe Biden se rend en Israël mercredi, les européens de leur côté ont du mal à envoyer un message de cohérence et d'unité sur le conflit.
Article rédigé par franceinfo, Isabelle Labeyrie
Radio France
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Temps de lecture : 3min
Ursula von Der Leyen (à gauche) et Charles Michel (au centre) lors du sommet europeen, à Bruxelles, le 10 février 2023. (NICOLAS LANDEMARD / LE PICTORIUM / MAXPPP)

Mardi 17 octobre au soir, après une bonne semaine de cacophonie les 27 se sont retrouvés en urgence en visioconférence pour une session de recadrage de trois heures. Objectif : accorder leurs violons.... remettre un peu d'ordre dans la ligne affichée par l'Union européenne, concernant l'actuel conflit entre Israël et le Hamas.

Seul manquait à l'appel Viktor Orban. Mais le Premier ministre hongrois a choisi son camp. Il était en Chine pour y rencontrer Vladimir Poutine.

Les chefs d'État et de gouvernement de l'UE ont adopté une position équilibrée, défendant " le droit d'Israël de se défendre conformément au droit humanitaire et international" face aux " attaques terroristes" du Hamas, tout en se disant mobilisés pour " soutenir de façon humanitaire les populations les plus vulnérables" a déclaré Charles Michel, le président du Conseil de l'Union européenne à l'issue du sommet.

Une semaine de couacs


Lundi dernier, le commissaire hongrois annonce que tous les budgets européens destinés aux Palestiniens sont immédiatement suspendus. Énorme tollé... Quelques jours plus tard Bruxelles rectifie le tir et annonce un triplement de l’aide humanitaire pour la bande de Gaza. En termes de cohérence c'est pas terrible. Vendredi, la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, se rend bille en tête à Jérusalem, sans consulter personne. Devant Benyamin Netanyahou, soutient le droit de l'État hébreu à se défendre... mais sans dire que cette réponse doit se faire dans le cadre du droit international. Malaise dans les rangs... Espagne, Irlande, Belgique, France, Allemagne, plusieurs pays n'apprécient pas : d'abord les questions de politique étrangère relèvent de leur compétence, pas de la Commission, mais surtout ils se retrouvent associés à une ligne pro-israélienne qui manque singulièrement de nuances. 

Une bataille d'egos


Derrière ces dissensions il y a surtout une querelle entre les deux dirigeants de l'Union européenne, Ursula von der leyen et Charles Michel, qui représente les chefs d'État et de gouvernement.
C'est un binôme qui - pour le dire poliment - n'a jamais pu s'entendre, se dispute en permanence ses prérogatives en matière de politique étrangère et contribue à affaiblir la crédibilité des 27 sur la scène internationale. Autant cela n'a pas été le cas avec la guerre en Ukraine, autant c'est criant sur le conflit entre le Hamas et Israël.

On en a d'ailleurs eu une nouvelle illustration mardi soir après la frappe sur l'hôpital de Gaza. Tandis que Charles Michel exprimait son émotion, Ursula Von der Leyen a refusé de prononcer le moindre commentaire, trop tôt. Or sur un sujet aussi sensible, aussi polarisé, aussi explosif, l'heure n'est ni à la querelle de personnes, ni à l'attentisme, ni aux messages contradictoires, surtout quand ils marginalisent la diplomatie européenne.

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