L'Italie fait, en apparence, la chasse aux expatriés super-riches

L'Italie de Giorgia Meloni a décidé de doubler l’impôt sur les nouveaux expatriés millionnaires, faisant passer le forfait fiscal de 100 000 à 200 000 euros. Ce n’est d'ailleurs pas le seul pays européen à vouloir taxer davantage les super-riches.
Article rédigé par Sébastien Laugénie
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Un yacht dans le port de Portofino en Italie. (BIM / E+ / VIA GETTY)

L’Italie ne veut plus apparaître comme un eldorado pour les étrangers les plus fortunés. Le pays était devenu très attractif depuis 2016 et la mise en place d’un système particulièrement avantageux, surnommé la "flat fax des Picsou". Un impôt forfaitaire plafonné à 100 000 euros par an pour attirer les multimillionnaires étrangers désireux de s’installer de l’autre côté des Alpes.

Entre 1 000 et 2 500 expatriés super-riches en ont profité, notamment les footballeurs, comme Cristiano Ronaldo. Mais cette taxe est devenue très impopulaire, accusée d’être inéquitable, de faire exploser les loyers dans les grandes villes, comme à Milan où ils ont fait un bond de 43% en cinq ans. Le gouvernement de Giorgia Meloni a donc pris une décision passée inaperçue au cœur de l’été avec faisant passer cette taxe de 100 000 à 200 000 euros.

Décision spectaculaire mais symbolique

Cette surtaxe ne s’applique qu’aux nouveaux venus et surtout le régime fiscal italien reste encore largement favorable aux grosses fortunes étrangères. Certes, cet argent supplémentaire dans les caisses de l’État va permettre d’alléger un déficit qui dépasse les 7% du PIB. Mais l’affichage est avant tout politique.

Le gouvernement Meloni n’a aucune intention de faire fuir les milliardaires. Il entend en revanche s’inscrire dans le droit-fil du G20 de cet été au Brésil. Les 20 pays les plus riches du monde se sont engagés à "coopérer", dit le communiqué final, pour que les super-riches soient davantage taxés, sans toutefois aller jusqu’à un impôt mondial.

L’Italie n’est pas le seul pays européen à revoir sa fiscalité sur les riches expatriés. La lune de miel entre les riches américains et le Portugal est, par exemple, terminée. La politique des visas dorés, ces visas accordés en échange d’investissement, est en train de changer. Les Néerlandais ont aussi réduit les avantages fiscaux pour les expatriés les plus prospères.

La fin d’un privilège au Royaume-Uni

Enfin, le nouveau gouvernement travailliste britannique, lui, se prépare à abolir un privilège vieux de 225 ans, le très controversé régime des "non-dom", les non domiciliés, qui permettait aux riches étrangers d'éviter de payer des impôts sur leurs revenus perçus hors du Royaume-Uni.

La montée des populismes et l’instabilité politique en Europe, les obligent à changer leur plan. Les super-riches réfléchissent à d’autres destinations, plus généreuses et la ville qui a la cote en ce moment, c’est Dubaï, aux Émirats arabes unis, où il n’y a aucun impôt sur les revenus, la propriété ou les plus-values.

Dubaï est devenue un refuge pour millionnaires où 6 700 devraient s’installer cette année. C’est deux fois plus que ce qu’attendent les États-Unis, qui restent malgré tout, de loin, la patrie historique des plus riches du monde avec 5,5 millions de résidents qui gagnent plus d’un million de dollars par an.

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