La Cisjordanie dans un nouveau cycle de violence entre Israéliens et Palestiniens

Pour la première fois de son histoire, Israël confie la planification des constructions des colonies au ministre de l'Économie, Orna Barbivai, et non plus à celui de la Défense, Yoav Galant. Cette décision du gouvernement israélien va accélérer le développement de colonies illégales en droit international. Pour certains spécialistes, cela marque une nouvelle étape vers une potentielle annexion de la Cisjordanie par Israël, qui fait face à nouvel épisode de violences.

>> "Tous les jours, nous disons adieu à nos jeunes" : la détresse des habitants de Jénine visés par un raid de l'armée israélienne en Cisjordanie occupée

Ce territoire, occupé par les forces israéliennes depuis 1967 et régi par les accords d’Oslo de manière progressive depuis 1993, est le cœur du conflit israélo-palestinien. D’un côté, l’armée israélienne suit les ordres du gouvernement le plus extrémiste qui n’ait jamais existé en Israël. De l’autre, l’autorité palestinienne et son président Mahmoud Abbas, perdent de plus en plus le contrôle de la situation notamment dans le secteur de Jénine dans le nord la Cisjordanie. 

Un cycle de représailles

D'autres acteurs sont de plus en plus actifs sur ce terrain. Des combattants armés de toutes les factions palestiniennes, Fatah, Jihad islamique et Hamas, viennent remplir le vide sécuritaire provoqué par l’absence sur le terrain de l’Autorité palestinienne et par la violence des colons. Ce n'est pas vraiment nouveau, mais ils sont désormais encouragés par les positions extrémistes de ministres tels qu'Itamar Ben-Gvir et Bezalel Smotrich.

La situation s'envenime : lundi, six Palestiniens ont été tués par l’armée israélienne. Mardi, une fusillade à l'entrée de la colonie de peuplement d'Eli, dans le nord de la Cisjordanie, a fait quatre morts. Les auteurs de l'attaque, deux Palestiniens, ont été tués. Mercredi, les "Jeunes des collines", des groupes de colons, souvent des adolescents, ont mis à sac plusieurs localités palestiniennes : maisons et voitures incendiées, corans déchirés. Plusieurs Palestiniens ont été blessés et l'un d'eux, touché par une balle à la poitrine, est mort. Ces exactions se poursuivent. Mercredi soir, trois Palestiniens ont été tués dans une frappe de drone. Le même jour, une Palestinienne, blessée lundi à Jénine, a succombé à ses blessures, portant le bilan du raid israélien à sept morts. Samedi, les forces israéliennes ont tué un Palestinien à un poste de contrôle au nord de Jérusalem. Et un autre Palestinien, blessé la veille à Naplouse, est mort des suites de ses blessures.

Le lourd bilan de l'année 2023

La violence dans le conflit israélo-palestinien est cyclique. Depuis le début de l'année 2023, 156 Palestiniens, dont 26 enfants, ont été tués par les Israéliens en Cisjordanie et à Gaza. Les assaillants palestiniens délaissent les armes de fabrication artisanale comme le fusil-mitrailleur Carlo – une imitation du Carl Gustav, une arme suédoise – au profit d’armements militaires le plus souvent dérobés. De son côté, l’armée israélienne a fait usage ces derniers jours d’hélicoptères d’assaut et de drones offensifs pour la première fois depuis près de 20 ans en Cisjordanie.