Sahra Wagenknecht, la femme qui bouscule la politique allemande
Elle s’appelle Sahra Wagenknecht, 55 ans. C’est la figure politique et médiatique montante outre-Rhin, difficilement classable sur l’échiquier politique. Elle fait la synthèse entre les deux extrêmes. Cette ancienne communiste mélange nationalisme de droite, anti-migrants, et socialisme de gauche sur les questions économiques et sociales, le tout sans les relents néo nazis de l’extrême droite.
Elle représente une gauche conservatrice ou une "Afd de gauche" comme l’ont appelé certains commentateurs. Bref, c'est un électron libre mais qui n’est pas pour autant une inconnue en Allemagne. Cette excellente communicatrice écume les plateaux télé depuis longtemps. Sahra Wagenknecht navigue ainsi au sein des partis de la gauche radicale depuis 30 ans.
Des idées qui piochent aux deux extrêmes
Côté extrême droite, Sahra Wagenknecht veut limiter fortement l’immigration en coupant, par exemple, les aides aux réfugiés dont on a refusé l’asile, ou créer des centres d'asile à l'extérieur de l'Union européenne. À l'international, même si elle entend rester dans l'Europe et l'Otan, elle veut mettre fin aux livraisons d’armes à l’Ukraine, entamer des négociations avec Moscou et racheter du gaz russe, bon marché.
Côté extrême gauche, cette grande lectrice de Marx, admiratrice d’Hugo Chavez et de Fidel Castro, plaide pour des salaires minimums plus élevés, de meilleures retraites, plus d'argent pour l'éducation et des taxes sur les plus riches.
Enfin, cette ardente défenseuse des voitures thermiques fustige la politique écologique des Verts, trop punitifs, selon elle, et au passage trop "wokistes".
Un cocktail détonant qui séduit les électeurs allemands
Le BSW, l’Alliance pour Sahra Wagenknecht, ce parti qui n’existe pourtant que depuis sept mois, connaît un succès fulgurant, surtout chez les électeurs de l’ancienne RDA, tentés par l’extrême droite. La RDA, c’est là où elle est née, d’une mère allemande et d’un père iranien. Et c’est là, à l’Est de l’Allemagne, qu’elle fait ses meilleurs scores. Aux prochaines élections régionales de dimanche prochain, en Thuringe et en Saxe, les sondages la créditent de 15 à 20% des voix. Loin derrière toutefois les 30% prêtés à l’AfD.
Le BSW est désormais devenu une force politique incontournable, notamment dans ses bastions régionaux de l’ex-RDA. Sahra Wagenknecht peut y jouer les arbitres et faire barrage à l’extrême droite. Elle n’est d’ailleurs pas contre des coalitions avec la droite conservatrice. Mais au niveau national, elle ne rassemble pour le moment que 6% des votes, ce qui reste largement insuffisant pour devenir chancelière.
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