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La Russie veut-elle vraiment envahir l'Ukraine ?

La situation en Ukraine était au cœur de la discussion qui a eu lieu à distance mardi 7 décembre entre les présidents russe et américain. Et chacun a campé sur ses positions.

Article rédigé par Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Une images satellite montre des déploiements de troupes russes à 200 km au nord de la frontière ukrainienne, dimanche 5 décembre 2021. (EYEPRESS NEWS via AFP)

Les services de renseignement occidentaux, qui s'appuient sur des photos satellite, n'ont aucun doute : la Russie a bien regroupé à sa frontière avec l'Ukraine des chars, des drones et surtout près de 100 000 soldats. Le ministre ukrainien de la défense est même persuadé que l'invasion aura lieu "fin janvier". On ne sait pas si la Russie a réellement l'intention d'envahir son voisin ukrainien, en tout cas techniquement, il est tout à fait prêt. En avril, la Russie avait déjà testé quelques mouvements de troupes à petite échelle, elle les avait fait passer pour des exercices avant de se retirer.

Pourtant, mardi 7 décembre, face aux "vives préoccupations" exprimées par le président américain, Vladimir Poutine a nié en bloc. Pire, il assure que ses troupes ne sont déployées qu'à titre défensif. "Ce n'est pas la Russie qui est responsable des tensions actuelles, affirme-t-il, c'est Kiev qui se prépare à reprendre le contrôle de ses régions séparatistes".

Ce que veut avant tout Vladimir Poutine, c'est freiner l'expansion de l'Otan vers l'Est. Que l'Ukraine n'en fasse jamais partie. Qu'aucun système d'armement étranger ne soit déployé sur son sol. Il exige même des garanties écrites que personne évidemment ne veut lui donner. Le patron de l'alliance, Jens Stoltenberg, lui a même rappelé que Moscou n'avait pas le "droit d'interférer dans le processus" d'une éventuelle adhésion. Qui reste très hypothétique même si l'Ukraine en rêve.

Vladimir Poutine n'accepte pas non plus de voir les États-Unis ou la Turquie augmenter leur coopération militaire avec Kiev. Une Ukraine transformée en plate-forme militaire pour des forces jugée hostiles représenterait une menace réelle pour la Russie. Et comme le dialogue avec le président Zelensky est impossible, le patron du Kremlin envisage de régler le problème de manière préventive, pour éviter plus tard un vrai conflit.

Des sanctions économiques radicales

Jusqu'où l'Occident peut-il aller pour défendre l'Ukraine ? Les États-Unis, soutenus par la France, la Grande-Bretagne, l'Allemagne et l'Italie ont clairement indiqué qu'ils s'engageraient aux côtés de l'Ukraine pour l'aider à défendre sa souveraineté. Pas de manière active ni massive sur le terrain militaire mais grâce à de nouvelles sanctions contre la Russie. Depuis l'annexion de la Crimée en 2014, il y en a déjà eu, sans résultat. Cette fois l'idée est de frapper très fort.

Comment ? En empêchant par exemple l'ouverture du gazoduc russe Nord Stream 2, qui attend toujours d'être certifié par l'Allemagne. Cela couperait l'herbe sous le pied de Moscou qui attend de pouvoir exporter son gaz vers l'Europe. Autre possibilité : sortir la Russie du système de paiement international Swift, rouage essentiel de la finance mondiale qui permet aux banques de faire circuler l'argent, la mesure était jusqu'ici considérée comme un dernier recours.

Mais s'il faut compter les points, pour l'instant c'est la Russie qui gagne : Vladimir Poutine était demandeur de cette rencontre, qui le pose comme un partenaire géopolitique incontournable.

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