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La voiture électrique va-t-elle conduire l'Europe et la Chine à la guerre commerciale ?

Le ton monte entre Bruxelles et Pékin. La Chine réitère son "fort mécontentement" après l'annonce d'une enquête européenne sur ses subventions automobiles.
Article rédigé par franceinfo, Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Des voitures électriques BYD en attente de chargement sur un navire dans le port de Suzhou, en Chine, le 13 septembre 2023. (- / AFP)

L'irritation est montée d'un cran. Après le ministre du Commerce il y a quinze jours, cette fois-ci c'est le Vice-Premier ministre qui se met en rogne contre l'Europe. Les autorités chinoises dénoncent "une mesure ouvertement protectionniste" qui n'ira pas sans représailles. Pékin et Bruxelles ont eu beau annoncer lundi 25 septembre la reprise de leurs échanges sur les questions macro-économiques, l'atmosphère reste glaciale. 

Une enquête sur les subventions abusives

Des économistes, des avocats et des experts mandatés par la Commission européenne vont tenter de prouver que l'État chinois subventionne ses constructeurs de manière abusive.

En leur offrant des prêts à taux réduits, des tarifs préférentiels sur l'électricité ou les matières premières. Tout ce qui pourrait expliquer pourquoi les voitures électriques chinoises qui débarquent en Europe sont à peu près 20% moins chères que celles de Stellantis, Renault ou Volkswagen. 

Cette enquête doit commencer en octobre et durer plus d'un an, mais si Bruxelles constate rapidement des pratiques de dumping ou de distorsions de concurrence, la Commission ne s'interdit pas d'augmenter illico presto ses droits de douane sur les véhicules électriques chinois. 

Ces droits s'élèvent aujourd'hui à 10%. Aux États-Unis c'est près 28%. Ça laisse de la marge. Mais Pékin voit rouge.

Concurrence déloyale ?

Les industriels européens voient se profiler avec inquiétude 2035, année où ils ne devront plus produire que des modèles 100% électriques. Une transformation radicale du marché à laquelle se préparent avec gourmandise les constructeurs chinois, qui ont déjà une belle longueur d'avance notamment en matière de batteries électriques. 

En 2021 les marques comme Byd (à prononcer à l'anglaise, "be why d") ou MG ne représentaient certes que 4% des part de marché en Europe, cette année elles sont déjà à 8%. 

L'Europe part divisée dans sa guerre contre Pékin


L'Allemagne ne veut surtout pas aller au clash car son modèle économique repose en grande partie, sur les exportations automobiles. Volkswagen et Mercedes font environ 40% de leur chiffre d'affaires en Chine.

La France, au contraire, pousse au bras de fer. D'ailleurs le bonus écologique qui sera détaillé mi-décembre ne s'appliquera pas aux voitures made in China, ça ne va pas contribuer à apaiser l'humeur de Pékin.

En mai dernier, définissant la nouvelle stratégie européenne face à la Chine, le Haut responsable de l’Union pour les Affaires étrangères expliquait qu'il fallait adopter une approche "lucide" mais "non conflictuelle ". Son document précise que "la rivalité systémique peut se manifester dans presque tous les domaines d’engagement. Mais cela ne doit pas empêcher l’UE de maintenir des canaux de communication ouverts et de rechercher une coopération constructive avec la Chine." Autant dire que c'est mal parti.

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