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Le Pakistan veut expulser près de deux millions de migrants afghans

Le gouvernement pakistanais a fixé au 1er novembre la fin de son ultimatum : tous les Afghans sans-papiers, qui ne sont pas repartis d’eux-mêmes, seront expulsés.
Article rédigé par Frédéric Says
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Des réfugiés afghans à la frontière afghano-pakistanaise de Torkham, dans la province de Nangarhar, le 1er novembre 2023. (WAKIL KOHSAR / AFP)

Même s'ils ne font pas la une de l'actualité, les enjeux, comme les chiffres, sont considérables. Le gouvernement pakistanais veut renvoyer 1,7 million d’Afghans chez eux. C'est presque 1% de la population qui vit au Pakistan. En proportion, c’est comme si la France décidait de l'expulsion immédiate de 600 000 personnes.

Ces Afghans sont arrivés au Pakistan par vagues. Certains y ont trouvé refuge il y a quarante ans, au moment de l'invasion de leur pays par l'armée soviétique. D'autres se sont installés plus récemment, pour fuir la guerre, les Talibans et la misère. Le Pakistan est l’un des pays qui accueille le plus de réfugiés au monde.

Ceux qui refusent de partir seront arrêtés et expulsés

Le nombre d’Afghans qui y vit est estimé à quatre millions - dont 1,7 million ne possède pas de titre de séjour. Ces derniers sont donc "invités" à rentrer chez eux, évidemment, c'est un euphémisme. Le gouvernement pakistanais leur a lancé un ultimatum : ceux qui refusent de partir de leur propre gré seront arrêtés, emprisonnés puis expulsés. Cet ultimatum prend fin le 1er novembre.

D'où de longues files d'attente à la frontière entre les deux pays. À Torkham, près du point de passage, s’alignent des centaines de véhicules chargés à ras bord : vêtements, meubles, vivres… Tout ce que les familles ont pu récupérer avant de partir. 100 000 Afghans sont déjà rentrés volontairement, selon les autorités pakistanaises. L’ONG Human Rights Watch dénonce une politique de "déportation massive".

Officiellement le gouvernement pakistanais lutte contre le terrorisme

Le Pakistan est régulièrement la cible d'attentats, contre des commissariats et des écoles. Et les Afghans sont montrés du doigt, notamment parce que la plupart sont issus de l'ethnie pachtoune, comme plusieurs groupes extrémistes au Pakistan. Le gouvernement affirme vouloir ainsi assécher les réseaux terroristes.

Mais ce n'est pas la seule raison. Il y a aussi un motif économique. Le Pakistan est en crise : sa monnaie chute, l'inflation atteint 30% par an. Or, les migrants afghans - une main-d’œuvre bon marché - sont accusés de faire baisser les salaires, comme l’explique Karim Pakzad, spécialiste de la région, chercheur associé à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS). Enfin, il y a la raison politique. Les élections pakistanaises auront lieu dans trois mois. D'ici là, le gouvernement veut afficher sa fermeté. Le renvoi des Afghans est d'ailleurs largement soutenu dans l'opinion publique.

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