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Le retour de Yaya le panda en Chine, révélateur des tensions avec les États-Unis

Le panda géant Yaya a été prêté par la Chine aux États-Unis en 2003. La façon dont se passe son retour au pays est révélatrice des tensions actuelles entre les États-Unis et la Chine.
Article rédigé par franceinfo, Julie Pietri
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Yaya, la panda femelle prétée par la Chine au zoo de Menphis (États-Unis). (KAREN PULFER FOCHT / MAXPPP)

Yaya est arrivée à Shanghaï jeudi 27 avril, après 16 heures d'avion et 20 ans passés aux États-Unis. Elle a été accueillie par des scientifiques masqués, en combinaison blanche, poignée de bambous frais à la main. Yaya a été prêtée au zoo de Memphis en 2003 à une époque où les relations entre Chine et États-Unis étaient bien meilleures qu’aujourd’hui. Les dossiers qui divisent, opposent Pékin et Washington s'accumulent en ce moment. La guerre en Ukraine, le statut de Taïwan n'étant que quelques exemples. Et voilà, qu’au milieu de tout ça, les aventures de Yaya ont pris une drôle de tournure.  

Un panda amaigri, des soupçons de maltraitance

Parce qu’à 22 ans, dans son zoo de Memphis, la vieille Yaya n’était pas en grande forme. Amaigrie, un peu pelée. Les internautes chinois s’inquiètent : et si les États-Unis maltraitaient leur trésor national ? "Yaya est l’animal le plus gâté du monde", se défend alors le directeur du zoo. Ça se corse un peu plus quand le compagnon de Yaya, prêté par la Chine lui aussi, meurt d’une crise cardiaque en février. Ces dernières semaines, le mot "Yaya" s’est retrouvé à plusieurs reprises en "tendance forte" sur Weibo, le réseau social chinois, avec à chaque fois des centaines de millions de vues. 

En parallèle, d’autres vidéos apparaissent sur les réseaux sociaux chinois : des images de pandas en pleine santé dans un zoo russe. Dodus, joueurs, adeptes des roulades. De là à dire que les Américains traitent mal les pandas parce qu’ils n’aiment pas la Chine, et que les Russes, eux, sont aux petits soins parce qu’ils sont les amis des Chinois, il n’y a qu’un pas que franchissent allégrement les internautes relayés par les médias chinois. Des vétérinaires venus de Chine ont beau dire que Yaya a en fait une maladie génétique, une maladie de peau, le ministère chinois des Affaires étrangères a beau assurer que les Américains "ont aimé" Yaya, cela ne lève pas les doutes. 

La "diplomatie du panda" critiquée

Le principe de diplomatie du panda est même critiqué. Cette tradition chinoise remonte aux années 1940, si on prend seulement l’époque contemporaire. Le panda comme ambassadeur doux et mignon, outil de soft power, forme de cadeau en marge d’accords commerciaux, main tendue, manière d'adoucir aussi, l'image autoritaire de la Chine. 

Aujourd’hui, une vingtaine de pays ont leurs pandas chinois.  Est-ce que les Etats-Unis en accueilleront de nouveaux dans un futur proche ? On verra. Sachez pour l’anecdote, que quand Emmanuel Macron est allé en Chine début avril,  il avait à ses côté des grands patrons en quête de contrats mais aussi le directeur du zoo de Beauval, qui abrite deux pandas géants. Ils pourront rester plus longtemps que prévu, jusqu’en 2027.  

 

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