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Libye : Paris rouvre son ambassade, la France est de retour

La France rouvre ce lundi 29 mars 2021 son ambassade à Tripoli, en Libye. Une représentation diplomatique fermée depuis juillet 2014 en raison de la situation sécuritaire. La Libye va mieux, et Paris est de retour. 

Article rédigé par franceinfo, Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Un marché de la capitale libyenne Tripoli (MAHMUD TURKIA / AFP)

Il y a trois semaines, le 10 mars, sous l'égide de l’ONU, un Premier ministre, Abdelhamid Dbeibah, a pris la tête d'un gouvernement de transition en Libye. Étape essentielle dans un pays encore plongé dans la guerre civile, déchiré depuis des années entre deux régions et deux hommes, Fayez el-Sarraj à l’ouest et le maréchal Haftar à l’est. 

Des élections d'ici la fin de l'année

Deux rivaux qui ont finalement accepté de signer un cessez-le-feu le 23 octobre 2020. Puis les deux hommes ont confié les clés du pouvoir à ce gouvernement d’union, qui doit remettre le pays d’aplomb et surtout organiser des élections d’ici la fin de l’année.  

L’embellie est réelle donc, même si le chemin vers la paix reste très incertain, et les Libyens encore un peu sceptiques. Cela fait 10 ans que leur pays est en proie au chaos, depuis l’intervention occidentale qui, en 2011, a entraîné la mort du colonel Kadhafi. Des centaines de milices se disputent aujourd’hui le contrôle du gaz et du pétrole et les trafics d’armes, de drogue et de migrants. Sans compter la guerre par procuration que se livrent la Russie et la Turquie.

Mais pour reprendre les mots de Jean-Yves Le Drian, le ministre des affaires étrangères, qui s’est rendu à Tripoli jeudi en compagnie de ses homologues allemand et italien, il y a pour la première fois depuis longtemps en Libye "une fenêtre d’opportunités" que la France compte bien saisir.

Comme annoncé par Emmanuel Macron le 23 mars, la France rouvre donc ce lundi sa représentation diplomatique, jusqu'ici délocalisée à Tunis.

La France a perdu du terrain

Des opportunités à la fois diplomatiques et économiques. Le fait est que la France a perdu beaucoup de terrain en Libye. D’abord face à l’ancienne puissance coloniale, l’Italie, qui a rouvert son ambassade dès 2017. C’était d’ailleurs la seule représentation diplomatique européenne, geste d’engagement apprécié par les Libyens. Mario Draghi, le chef du gouvernement, devrait même se rendre dans le pays début avril. 

Paris a pris du retard sur le plan diplomatique également pour avoir trop longtemps misé sur le mauvais cheval, le très controversé général Haftar, mais qui semble désormais vouloir tourner la page.  

Maîtrise du terrorisme, immigration : un pays-clé

Il est dans l’intérêt de la France d’accompagner le retour de la Libye vers la stabilité, puisque c’est un pays-clé pour le contrôle de la Méditerranée, en matière de sécurité, de terrorisme et de migrations. De la même manière c’est un facteur de stabilité pour tout le Sahel et l’Afrique du nord. 

Paris a promis d'aider le nouveau gouvernement libyen à recouvrer le contrôle de ses frontières. L’enjeu essentiel des semaines qui viennent c’est le départ des mercenaires. Sans oublier que ce pays à reconstruire abrite les réserves de pétrole les plus importantes d’Afrique, et que les enjeux économiques sont considérables. La Turquie, qui a beaucoup investi en Libye, a déjà signé des contrats. La France ne veut pas être reste. La Libye revient de loin. La France aussi. 

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