L’Islande teste la semaine de quatre jours
Pendant quatre ans, 2 500 Islandais ont participé à une expérience de réduction du temps de travail. Un "immense succès".
La semaine de quatre jours est-elle la clé du bonheur ? Pendant quatre ans, de 2015 à 2019, un test géant a été organisé en Islande. L’idée a été lancée par la mairie de Reykjavik et le gouvernement islandais. Deux think tank, un islandais Association for democracy and sustainability et un britannique Autonomy se sont chargés de la mise en place du dispositif.
Voici ce qui a été proposé à 2 500 Islandais (soit 1% de la population) : pendant quatre ans, vous allez travailler 35h par semaine (au lieu de 40) sur quatre jours. Et votre salaire ne changera pas.
Selon l’étude, cette semaine raccourcie a été testée dans le secteur public, bureaux, écoles, hôpitaux (avant l’épidémie). La productivité n’a pas diminué, au contraire dans certains cas, elle a augmenté. Ne pas travailler vendredi, "c’est la carotte qui nous fait avancer plus vite", raconte même un salarié. Comment expliquer que la productivité ne soit pas impactée ? En Islande, la grande majorité des salariés (77%) travaillent dans le domaine tertiaire, les services. Ils sont 18,3% à travailler dans l’industrie et c’est dans ce secteur que le réaménagement du travail peut être plus fatiguant. Dans le domaine des services, pour garder la même productivité, de nouveaux modes de travail ont été développés, comme diminuer la durée des réunions et arrêter les tâches inutiles.
Du mieux vivre
Les employés qui ont participé à ce test expliquent aussi qu’ils se sentent mieux. "La réduction des heures entraîne une augmentation du respect individuel", note un participant."Cela prouve que nous ne sommes pas des machines qui ne font que travailler toute la journée, dormons et retournons travailler. Mais que nous sommes des personnes avec des envies, des vies privées, des familles, des hobbies."
Enfin, cette étude montre que travailler quatre jours permet un meilleur équilibre entre vie privée et vie professionnelle car les trois jours restants, les salariés peuvent s’investir dans d’autres domaines, comme le sport et sont moins stressés du manque de temps pour gérer la maison et les enfants.
Attention, tout le monde n'a pas été conquis à 100%. Certains salariés n’ont pas supporté ce changement de rythme, car cela implique de travailler autrement et ils ont quitté leur emploi. Pour les cadres aussi, c'est plus difficile. Beaucoup n’ont pas réussi à réduire leurs heures car ils avaient trop de travail.
D’autres pays y pensent
Si les conclusions sortent à peine, les syndicats islandais, eux, se sont renseignés. Et depuis 2019, ils négocient pour diminuer le temps de travail. Dans le secteur public et dans le secteur privé, 86% des Islandais bénéficient actuellement de réduction d’heure.
Et d’autres pays y pensent. L’Espagne espère parvenir à une semaine de 32h. En mai en Angleterre, une quarantaine de députés a déposé une motion pour demander au gouvernement d’étudier la semaine de quatre jours. Selon une étude, réduire la semaine de travail permettrait de diminuer de plus de 20% l'empreinte carbone du Royaume-Uni. Enfin en Nouvelle-Zélande, c’est le géant Unilever (155 000 employés à travers le monde) qui teste depuis huit mois cette semaine raccourcie. Son patron estime que "Les anciennes méthodes de travail sont dépassées." Et si le monde d’après c’était plus de télétravail et moins de jours de travail ?
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.