Paris 2024 : de Giorgia Meloni à Donald Trump, la boxeuse algérienne Imane Khelif est la cible d'une campagne de dénigrement

Polémique autour de la boxeuse algérienne Imane Khelif, vainqueur le 1er août en huitième de finale aux JO de l'Italienne Angela Carini, chez les moins de 66 kg. Elle est accusée par ses détracteurs d'être, à tort, un homme.
Article rédigé par Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Imane Khelif d'Algérie (en rouge) lors du comabt préliminaire féminin de 66 kg contre Angela Carini d'Italie (en bleu) lors de la sixième journée des Jeux Olympiques de Paris 2024, à l'Arena Nord de Paris, le 1er août 2024 à Paris. (FABIO BOZZANI / ANADOLU)

C'est l'abandon d'Angelina Carini qui déclenche la controverse. Après seulement 46 secondes de combat, l'italienne encaisse un direct un peu costaud au visage et elle craque complètement... sous les yeux d'un public sidéré, elle enlève son casque, hurle ce n'est pas juste avant de s'écrouler et de fondre en larmes. L'arbitre prend le bras de son adversaire et le lève, Imane Khelif rime avec qualif.

Les marques de soutien se multiplient pour l'Italienne... et la campagne de dénigrement s'emballe contre l'Algérienne : sur les réseaux sociaux l'athlète d'1m78 aux traits masculins est accusée d'être biologiquement un homme et le CIO mis en cause pour l'avoir laissée combattre contre une femme. Alors qu'en 2023, la fédération internationale de boxe avait choisi de l'écarter des Mondiaux féminins de New Delhi. Des tests génétiques montrant la présence de chromosomes XY associés à la masculinité. Une boxeuse taïwanaise, Lin Yu-ting, était dans la même situation.

"Une question éthique" pour l'extrême droite italienne

Le sujet s'invite dans la sphère politique... jusqu'aux États-Unis où Donald Trump s'en offusque: "Je garderai les hommes hors du sport féminin !", écrit Donald Trump en majuscule sur son réseau Truth Social. En Italie l'extrême droite monte au créneau. La présidente du conseil Giorgia Meloni dénonce une compétition non équitable.

"Les athlètes présentant des caractéristiques masculines ne devraient pas être autorisés à participer aux compétitions féminines. Il ne s'agit pas de discriminer qui que ce soit, mais de protéger le droit des athlètes féminines à participer à armes égales".

Jeudi 1er août au soir, le CIO publie un long communiqué qui met les points sur les i. Imane Khelif respecte les règles d’éligibilité. Comme pour toutes les compétitions de boxe olympiques, le sexe et l’âge des athlètes sont basés sur leur passeport. Et sur son passeport, Imane Khelif est bien une femme.

Anomalie congénitale

Elle est en réalité une personne "intersexe", ça signifie qu'elle n'a pas forcément d'utérus, pas forcément d'ovaires... mais pas non plus de testicules ni de pénis en raison d'une anomalie, d'une maladie congénitale. C'est pour ça qu'à sa naissance elle a été déclarée fille, et élevée socialement toute sa vie comme une fille. Après la puberté on parle aussi de personne hyperandrogène (comme l'athlète sud-africaine Caster Semenya), parce que les taux d'hormones masculines comme la testostérone sont particulièrement élevés. Des médicaments permettent de les contrôler.

L’Algérie, qui dénonce une campagne de haine injustifiée, fait bloc derrière sa championne.

Samedi 3 août, place à un nouveau combat pour Imane Khelif, qui joue sa place en demi-finale. Son adversaire, la hongroise Anna Luca Hamori, dit se moquer complètement de la polémique.

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