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Pays-Bas : Mark Rutte, Premier ministre austère mais populaire

Aux Pays-Bas, le premier ministre sortant Mark Rutte devrait décrocher un 4e mandat consécutif. Austère mais populaire, il va compter dans le jeu européen.

Article rédigé par franceinfo, Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le conservateur Mark Rutte donné favori aux législatines des Pays-Bas. Ici en train de voter à La Hague, le 17 mars 2021. (BART MAAT / ANP / AFP)

Qui est Mark Rutte ? Tout le contraire d'une personnalité flamboyante ou passionnée : du haut de ses 54 ans et de son mètre 93, c'est un premier ministre de centre-droit un peu strict, toujours très bien coiffé et très poli, célibataire endurci, un ancien DRH qui part toujours en vacances au même endroit, va travailler à vélo et passe lui-même la serpillère quand il renverse son café au Parlement.

Bref, un type normal, un "monsieur tout le monde". Limite sans saveur. Mais pas sans habileté politique. Ni sans humour. Quand ses adversaires politiques lui reprochent de manquer de vision pour le pays, il reprend systématiquement cette phrase de l'ancien chancelier allemand Helmut Schmidt : "Si vous avez des visions, allez voir un médecin".

Mark Rutte est le premier dirigeant européen à remettre son mandat en jeu en période de Covid. La pandémie ne l'a pas affaibli, au contraire elle a même augmenté sa popularité. Même si tout n'a pas été été rose au pays des tulipes : souvenez-vous des émeutes liées au couvre-feu, fin janvier. Ou des ratés de la campagne de vaccination.

Le coronavirus a évidemment été "le" sujet de la campagne mais globalement les Néerlandais considèrent que Mark Rutte a plutôt bien géré la chose et ces polémiques n'ont pas eu de conséquences.

Un premier ministre Teflon

On l'appelle d'ailleurs souvent "Le premier ministre Teflon", parce que tout lui glisse dessus sans jamais l'atteindre... Même cet énorme scandale en janvier dans lequel plus de 25 000 familles bi-nationales ont été accusées à tort par l'administration fiscale de fraude aux allocations familiales. L'affaire l'a contraint à la démission, depuis il ne fait qu'expédier les affaires courantes, mais ça non plus ça ne l'empêchera pas de sortir grand vainqueur du scrutin.

Et de se faire sa place au sein des dirigeants qui comptent en Europe : en septembre, quand Angela Merkel quittera le pouvoir, Mark Rutte deviendra l’un des doyens de l'Union européenne. Ca fait onze ans qu'il est à la tête des Pays-Bas, il a dirigé trois coalitions avec à chaque fois des partenaires différents, plus ou moins à droite ou plus ou moins à gauche. Cette fois-ci ce sera sans doute avec les Verts.

Libéral et rigoureux 

Reste à savoir quelle posture il adoptera au sein du conseil européen. C'est un libéral sur les questions économiques, très à cheval sur la rigueur budgétaire, il a longtemps refusé d'augmenter le plan de relance pour les européens du sud avant d'infléchir légèrement sa position. Depuis que les Britanniques ont quitté le club européen, Mark Rutte c'est le nouveau "monsieur non" de l'équipe. 

Mark Rutte est par ailleurs un progressiste sur les questions sociales (mariage pour tous, avortement) mais un conservateur sur les questions identitaires et migratoires  – ce qui lui a permis de faire barrage au PVV, le parti d'extrême droite de Geert Wilders, qui représente la deuxième force politique du pays. 

Sa réélection, qui plus à la tête d'un des membres fondateurs de l'Union va incontestablement le renforcer. D’autant que l’Allemagne et la France seront elles en campagne électorale. On en entendra reparler, de ce Premier ministre qui passe la serpillère !

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