Pologne : un "Tour de la Constitution" pour éduquer les citoyens à l'Etat de droit et au respect des institutions

Chaque été depuis quatre ans, des activistes des droits de l’homme sillonnent la Pologne, accompagnés de juristes et d’avocats, pour parler de la Constitution et du rôle des institutions républicaines.
Article rédigé par franceinfo - Adrien Sarlat
Radio France
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Temps de lecture : 2 min
Lors du "Tour de la Constitution" 2023, à Cracovie (Pologne) (ARTUR WIDAK / NURPHOTO)

Ce "Tour de la Constitution" comporte 59 étapes, avec dans chaque ville traversée une conférence de deux heures que les bénévoles font tout pour rendre interactive et ludique, en incluant des jeux par exemple.

L'objectif pour eux est vraiment d’intéresser le plus de monde possible aux questions démocratiques, pour combler de grosses lacunes sur le sujet. "Quand on discute avec les gens, on voit bien que la connaissance de la loi en Pologne n’est pas terrible malheureusement, explique le juge émérite du Conseil constitutionnel Wojciech Hermelinski, qui participe pour la troisième année consécutive. Les questions constitutionnelles, la séparation des pouvoirs, les compétences du Sénat et du Sejm (la chambre basse), du gouvernement et du président... Les programmes scolaires devraient intégrer tout cela !" 

Former les citoyens pour éloigner les populistes

Cette initiative originale a vu le jour en 2021, en réaction à la mise au pas des institutions judiciaires par le gouvernement ultra-conservateur du PiS. Le parti avait notamment pris le contrôle du Tribunal constitutionnel, de la Cour suprême et du Conseil national de la magistrature, et les juges qui s’opposaient au pouvoir risquaient des sanctions disciplinaires. 

À la suite de son élection l’hiver dernier, le Premier ministre Donald Tusk a assuré vouloir rétablir l’Etat de droit et l’indépendance des tribunaux en Pologne. Mais Kinga Dagmara Siadlak, la coprésidente du "Tour de la Constitution", assure qu’elle continuera de sillonner le pays : "C’est justement parce qu’il y avait un manque de formation sur ces questions qu’un pouvoir populiste a pu accéder à la tête du pays. Si les citoyens considèrent que c’est bon, que l’affaire est réglée, qu’il n’y a plus besoin de s’éduquer sur la question, il sera tout aussi facile de les manipuler une nouvelle fois."

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