Cet article date de plus d'un an.

Royaume-Uni : "hôtel flottant" ou "bateau prison", une péniche met en lumière la nouvelle politique controversée du gouvernement

Le Royaume-Uni a adopté mardi 18 juillet une loi qui restreint le droit d’asile. Au même moment, une étrange péniche a accosté dans le sud de l’Angleterre : elle doit accueillir 500 migrants.
Article rédigé par Elise Delève
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Barge pouvant accueillir 500 demandeurs d'asile arrive dans le port de Portland (Grande-Bretagne). (BEN BIRCHALL / MAXPPP)

Cette barge est arrivée mardi 18 juillet, remorquée par un petit bateau jusqu’au port de Portland, dans le comté du Dorset, dans le sud de l’Angleterre. Cette barge s’appelle Bibby Stokholm et c’est ce qu’on appelle un "floatel", littéralement, un "hôtel qui flotte". Avec ces 222 chambres aux murs gris et rouge passés, ce bâtiment à l’architecture triste qui va accueillir à partir de cet été 500 demandeurs d’asile, déjà sur le territoire britannique et en attente de papiers. Environ 50 vont arriver dès la semaine prochaine, indique le ministère britannique de l’Intérieur.

>> Royaume-Uni : la nouvelle loi sur l'immigration est contraire au droit international, selon l'ONU

Bibby Stockholm a déjà été utilisée par les Pays-Bas en 2005 pour loger des migrants. Cette fois, c’est Londres qui l’utilise pour "faire des économies". Bibby Stockholm permettrait en effet de réduire les coûts des hébergements dans lesquels les réfugiés attendent : le gouvernement britannique paye actuellement 7 millions d’euros par jour pour loger les migrants. Un chiffre contredit par les ONG de défense des droits de l’Homme qui dénoncent le recours à un "bateau prison". 

Une loi restrictive

Cette barge arrive – hasard du calendrier – au moment où le gouvernement britannique restreint encore plus les droits des migrants. Mardi, après de longs débats, le Parlement a voté une loi très controversée contre l’immigration illégale : les migrants qui arrivent désormais illégalement ne pourront plus demander l’asile.

Le gouvernement accuse les réfugiés qui arrivent de façon illégale de "sauter la file d’attente" de ceux qui arrivent par des voies plus sûres. Les ONG répondent que "ceux qui ont fui la guerre n’ont pas accès aux documents tels que les passeports". Le gouvernement veut aussi que les migrants, après avoir été placés en détention, soient rapidement expulsés, soit vers leur pays d'origine, soit vers un pays tiers. L’ONU critique vivement cette loi, "en contradiction" avec le droit international des droits de l’Homme et des réfugiés envers lequel le Royaume-Uni a des obligations.

45 000 arrivées en un an

Depuis qu’il est arrivé au pouvoir, le Premier ministre Rishi Sunak a fait de la lutte contre la migration illégale, sa priorité. Il a notamment focalisé sur les traversées de la Manche par les petites embarcations. 45 000 personnes en 2022 et 13 000 depuis le début de cette année.  

Pour le ministre britannique de l’Intérieur, Simon Murray, le nombre d’arrivées par petits bateaux a "submergé" le système d’asile britannique. Pour l’ONG Refugee Council, mardi était un "jour sombre" pour le Royaume-Uni qui ne fait que repousser le problème de l’accueil. Selon l’ONG, dans les trois premières années, cette loi projettera 200 000 personnes dans l’incertitude, sans ressource ou détenues.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.