Russie : des échauffourées entre manifestants et policiers après la condamnation d'un opposant local

Les incidents ont éclaté, mercredi, à Baïmak, dans la république du Bachkortostan, à 1 400 km de Moscou. Un événement rarissime dans un pays où il n'y a plus de place pour les voix contestataires.
Article rédigé par Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Des policiers antiémeutes dispersent des manifestants dans la ville de Baïmak, en Russie, le 17 janvier 2024, après la condamnation d'un militant local à quatre ans de prison. (ANYA MARCHENKOVA / AFP)

L'accrochage a lieu, mercredi 17 janvier, devant le tribunal de Baïmak, une petite ville à 1 400 kilomètres au sud-est de Moscou. Sur ces images, on peut voir, par - 20°C, sous un vent glacial, quelques milliers de manifestants qui jettent des paquets de neige sur une rangée de policiers antiémeutes, ils scandent "honte ! Honte !", après la condamnation d'un activiste local à quatre ans de prison. Le temps des affrontements, l'accès à Internet a été coupé. Selon un média local, il y a une quarantaine de blessés et une vingtaine d'arrestations.

Condamné pour "incitation à la haine"

La justice reproche à cet activiste d'avoir prononcé deux mots en Bachkir, sa langue maternelle, dans un discours, en 2023, contre l'exploitation de mines d'or dans la région. Deux mots... deux insultes racistes disent les autorités. Lui assure avoir été mal traduit. Il est malgré tout condamné pour "incitation à la haine", qualification souvent utilisée contre les opposants en Russie.

Fail Alsynov, au tribunal de la ville de Baïmak, en Russie, le 17 janvier 2024. (SOTA / AFP)

Faïl Alsynov, 37 ans, est connu au Bachkortostan pour son combat contre le pillage des ressources énergétiques, pour sa volonté de promouvoir la langue et la culture locale, mais aussi pour ses critiques contre l’invasion de l'Ukraine. Il a même qualifié la campagne de mobilisation de 2022 de "génocide du peuple bachkir", accusant les autorités de recruter de la chair à canon de manière disproportionnée parmi les minorités ethniques. Cette guerre, dit-il, n'est pas "notre guerre", des propos qui lui valent une amende.

La peur de Moscou des velléités séparatistes

Le Bachkortostan est la plus grande république à majorité musulmane en Russie, proche géographiquement et culturellement du Kazakhstan. Depuis longtemps elle est en contentieux avec le pouvoir central. Or le Kremlin a excessivement peur de voir ressurgir sur les terres éloignées du pays le même nationalisme et le même séparatisme qui ont participé, il y a 30 ans, à l'effondrement de l'Union soviétique. Vladimir Poutine ne cesse de vanter une Russie multiethnique, unie face à l'occident. Pour mater la contestation, le dirigeant de la région a promis, jeudi, de lourdes peines contre les contestataires de Baïmak.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.