Russie : une chanteuse, pourtant bien vue du Kremlin, devient la cible des conservateurs

Sa tenue, jugée trop provocante, a réveillé la frange la plus conservatrice du pouvoir et enflammé le débat jusqu'à la Douma.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Olga Buzova en avril 2024, à l'ouverture du Festival international du film de Moscou (DMITRIY GOLUBOVICH / ANADOLU)

Elle s'appelle Olga Buzova. Elle a 38 ans et est chanteuse et animatrice de télévision. Les Russes la connaissent très bien : c'est la deuxième personnalité la plus suivie sur Instagram dans le pays, avec 24 millions de followers. Elle a également une ligne de vêtements à son nom. Bref, c'est une star en Russie.

Mais le 1er juin dernier, dans un festival à Ouva, au Bachkortostan dans l'est de la Russie, Olga Buzova est montée sur scène dans un ensemble noir en cuir, très échancré... Même en Russie on a déjà vu nettement plus provocateur que cette tenue, mais dans le contexte actuel ce n'est pas passé : un député de cette république à majorité musulmane a affirmé qu'il était bombardé de messages de plaintes de citoyens. Du coup, le comité d'enquête local a ouvert une enquête et tout cela est même remonté jusqu'à la Douma : une députée a demandé au ministère de la Culture d'établir un code vestimentaire pour les artistes, arguant que "de telles restrictions sont nécessaires pour une société en déclin moral". 

Une proche du pouvoir 

Olga Buzova n'est pas une artiste de plus qui subit la répression des autorités russes : elle fait partie des artistes fidèles au pouvoir. Elle y met même un certain zèle : elle s'est rendue dans les territoires occupés en Ukraine, où l'a vue se mettre en scène distribuant de l'aide alimentaire ; elle a même composé une chanson où elle se moque des hommes qui fuient la Russie pour échapper à la répression et à la mobilisation.

A priori elle remplit tous les pré-requis de la scène artistique russe actuelle. Mais personne n'est à l'abri aujourd'hui en Russie. On avait déjà observé cela lors de la fameuse "fête nue", à Moscou en décembre dernier, où des stars étaient apparues très légèrement vêtues. Certaines ont totalement disparu de la circulation depuis, d'autres ont dû aller expier leurs fautes en allant chanter dans le Donbass, dans des hôpitaux... Pour se maintenir, le pouvoir russe a décidé de s'appuyer sur la frange la plus conservatrice de la société, l'Église orthodoxe notamment. 

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.