Sahara occidental : la France choisit son camp, le Maroc, et provoque la colère de l'Algérie

Dans une lettre adressée au roi Mohamed VI, mardi, Emmanuel Macron se range officiellement du côté du Maroc, qui veut garder le contrôle du territoire. D'où la colère de l'Algérie, qui soutient au contraire les indépendantistes sahraouis.
Article rédigé par Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Emmanuel Macron (à gauche) et Mohammed VI, le roi du Maroc, lors d'une visite officielle à Tanger, le 15 novembre 2018, au Maroc. (CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / POOL / AFP)

La France a choisi son camp. Elle considère que le plan d'autonomie du Maroc pour le Sahara occidental est désormais "la seule base" pour aboutir à une solution politique négociée, écrit le président Emmanuel Macron dans une lettre adressée au roi du Maroc Mohammed VI rendue publique mardi 30 juillet par Rabat et l'Élysée. La position française crispe encore un peu plus les relations entre la France et l'Algérie. Alger a même rappelé son ambassadeur à Paris, et ce n'est pas un simple geste d'humeur, d'autres mesures de rétorsion sont attendues.

Même la visite d'État du président Abdelmadjid Tebboune prévue fin septembre à Paris, comme le point d'orgue d'un rapprochement en cours depuis deux ans, semble compromise. Ce revirement de la France est une victoire diplomatique importante pour le Maroc et une humiliation pour Alger alors que jusqu'ici, Paris avait tant bien que mal réussi à maintenir une position d'équilibre.

Un conflit depuis 50 ans entre le Maroc et l'Algérie

Ce dossier du Sahara occidental est un enjeu majeur en Afrique du Nord. Depuis 50 ans, l'Algérie et le Maroc sont en conflit à ce sujet. Les deux pays ont même rompu leurs relations diplomatiques en 2021. Le Sahara occidental, c'est une immense étendue désertique, bordée par l'océan Atlantique, désertique mais riche en phosphate et en poissons. Les Espagnols en avaient fait leur colonie, mais depuis qu'ils se sont retirés en 1976, le conflit n'a jamais été réglé et le Sahara occidental n'a pas de statut aujourd'hui.

Le Maroc en contrôle environ 80% et le considère comme faisant partie de son territoire, tandis que les rebelles du Front Polisario, soutenus par l'Algérie, se battent pour obtenir l'indépendance. L'ONU a proposé un référendum sur l'autodétermination, il y a plus de trente ans, qui n'a jamais été organisé.

Rabat met la pression sur ses partenaires

Le Maroc s'est montré particulièrement actif ces dernières années pour trouver des soutiens. Pour le Royaume du Maroc, c'est une cause nationale prioritaire. En 2020, en échange d'une normalisation des relations entre le Maroc et Israël, les États-Unis reconnaissent la marocanité du Sahara occidental. En 2022, l'Allemagne et les Pays-Bas défendent à leur tour le plan d'autonomie présenté par Rabat qu'ils présentent comme la seule solution. L'Espagne, traditionnellement proche de l'Algérie, rompt sa neutralité elle aussi. Ses échanges commerciaux avec Alger en ont d'ailleurs beaucoup souffert.

Rabat, qui demande à ses partenaires de se positionner de façon claire, attendait avec impatience qu'un partenaire aussi proche que la France franchisse le pas, c'est chose faite. La droite et l'extrême droite, qui poussent depuis longtemps la solution marocaine et qui n'ont eu de cesse de faire pression sur l'Élysée, s'en félicitent ouvertement.

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