Taïwan : à quoi joue vraiment la Chine ?
La Chine devait arrêter ses exercices militaires autour de Taïwan dimanche 7 août. Elle poursuit pourtant ses manœuvres dans le détroit et autour de la grande île.
Des opérations qui donnent une indication claire sur les objectifs de Pékin.
En définissant clairement six zones d’exercices tout autour de Taïwan, la Chine a fait une déclaration d’intention. Et au cas où le monde n’aurait pas su lire entre les lignes de défense, Pékin a envoyé un ponte de son Académie navale pour les sous-titres. Il a expliqué précisément l’intérêt de chacun des six secteurs choisis pour mener les opérations.
Pour faire simple, au nord et au sud, les limites posées flirtent avec les eaux territoriales de Taïwan. Elles sont au plus près des côtes et surtout, au plus près des grands ports stratégiques. Pékin simule de cette façon, le blocus commercial et militaire car ses bateaux se sont mis en regard avec les bases de l’île. À l’Est, deux petites zones disposées de façon stratégique. Ce sont des verrous vers le Pacifique. Avec ça, personne ne sort vers le Japon et gare à ceux, amis de Taïwan, qui voudraient essayer de venir à la rescousse. Enfin, à l’Ouest entre Taïwan et le Continent. La zone d’exercice enjambe ostensiblement une frontière maritime entre les deux pays. Elle s’appelle la ligne médiane. Certes aucun traité ne l’a jamais entérinée mais il y a encore quelques années, tout le monde la respectait.
Importance stratégique
Comme les Chinois sont des amateurs du jeu de Go, ils savent qu’il est important de savoir placer ses pions. Surtout de les avancer au bon endroit, au bon moment.
C’est précisément ce qu’il se passe avec cette ligne médiane. Ils ont poussé leur avantage. En allant au-delà, sans que personne ne réagisse, ils considèrent que cette partie du détroit de Taïwan est leur terrain de jeu. Et comme cette ligne n’a jamais été officiellement tracée, il est bien impossible de contester. Dans les faits, la Chine a gagné du terrain. Elle a dans le même temps effectué un test. Celui de la capacité de réaction de Taïwan, du Japon et de leurs alliés occidentaux. Réaction inexistante. Pékin continuera d’avancer à un moment ou à un autre, jusqu’à grignoter l’île. La question n’est pas de savoir si Taïwan sera chinoise, mais quand elle le deviendra.
À moins que ces récents exercices – et les pistes d’attaque qui ont été livrées – ne permettent aux dirigeants de Taïpei de s’organiser pour contrer les Chinois. Ils peuvent se préparer. Mais il n’échappe à personne que Taïwan accuse une légère infériorité numérique. En attendant Taïpei a lancé ses propres exercices avec quelques centaines d'hommes et 40 obusiers. C’est bien timide, mais elle n'a pas le choix, parce que comme au jeu de Go, le but : c'est la domination territoriale.
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