Venezuela : Nicolás Maduro ne lâche pas le pouvoir, l'opposition appelle le pays à se mobiliser

Cinq jours après la réélection contestée du président Maduro, l'opposition appelle pour la première fois le Venezuela à se mobiliser alors que le régime refuse toujours de publier le décompte des voix. La situation se durcit.
Article rédigé par Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Des manifestants participent à une manifestation contre la victoire contestée du président vénézuélien Nicolas Maduro aux élections présidentielles vénézuéliennes lors d'une veillée à Cali, en Colombie, le 31 juillet 2024. (JOAQUIN SARMIENTO / AFP)

Un bilan qui atteint déjà 16 morts, jeudi 1er août, des centaines de blessés et près de mille interpellations : l'opposition dénonce l' "escalade répressive" du régime de Caracas. Le chef de l'Organisation des États américains va même demander à la Cour pénale internationale d'inculper Nicolás Maduro pour "bain de sang".

Jusqu'ici, les manifestations étaient spontanées : le candidat donné perdant n'avait appelé personne à descendre dans la rue. Mais face à l'obstination du président sortant, qui n'a aucune intention de lâcher le pouvoir, changement de stratégie. Maria Corina Machado, la charismatique cheffe de l'opposition, qui n'a pas pu se présenter à l'élection mais qui reste aux commandes, lance jeudi un ordre de mobilisation générale.

"Nous avons proposé au régime d'accepter démocratiquement sa défaite, dit-elle sur X, mais "il a choisi la répression (...) Nous devons faire valoir la vérité ".

Nicolás Maduro assure avoir "le soutien de Dieu"...

L'opposition assure que son candidat a obtenu au moins 70% des voix. Mais les autorités n'ont toujours pas publié les résultats. Le Conseil national électoral (CNE) se dit victime d'un "piratage informatique", même son site internet est inaccessible, c'est pratique.

Mercredi 31 juillet, Nicolás Maduro a quand même donné une conférence de presse devant les correspondants étrangers (la première depuis presque deux ans). Il s'est dit "prêt à publier 100%" des pièces justifiant sa réélection... tout en se présentant comme "David contre Goliath" dans un discours plein de défiance contre les pays occidentaux. Le président sortant a également brandi la Bible, expliquant avoir "le soutien de Dieu".

... Et veut se battre avec Elon Musk

La veille, il a aussi menacé de mettre en prison les deux responsables de l'opposition. Il avait dénoncé "l'alliance de l'extrême droite mondiale, du narcotrafic, du gouvernement impérialiste des États-Unis... et d'Elon Musk", son ennemi préféré, qu'il accuse de vouloir "envahir" le Venezuela "avec ses fusées et une armée". L'intéressé n'a pas confirmé.

Le milliardaire américain et le chef d'État vénézuélien adorent se critiquer l'un l'autre, mais avec la crise politique, leurs échanges sont exacerbés. Mercredi 31 juillet, le patron de X a réaffirmé que "les citoyens avaient voté à une écrasante majorité" pour l'opposition.
Nicolás Maduro a profité de sa conférence de presse pour répondre, en mimant un combat de boxe : "On va se battre (...) toi et moi. Si je te bats, Elon Musk, j'accepte ton voyage sur Mars, mais tu viens avec moi !". Sur X, Elon Musk a déclaré mercredi soir "accepter" l'invitation.

Une pression internationale de plus en plus forte

Rien qu'en Amérique latine, neuf pays appellent ensemble à un "réexamen complet (des résultats) avec la présence d'observateurs indépendants". En représailles, Caracas a retiré son personnel diplomatique dans la plupart d'entre eux... et même rompu ses relations diplomatiques avec le Pérou. Le G7 s'en mêle, les États-Unis se disent "à bout de patience" et menacent, comme d'autres capitales, de ne pas reconnaître le résultat officiel du scrutin.

Un scénario qui rappelle celui de l'élection présidentielle de 2018, quand une soixantaine de pays ont décidé de considérer l'opposant Juan Guaido, qui s'était autoproclamé président par intérim, comme leur interlocuteur légitime en lieu et place de Nicolás Maduro. L'expérience a tourné court : Guaido n'a jamais réussi à prendre le pouvoir. Il est aujourd'hui exilé à Miami, d'où il commente les troubles actuels.

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