Violences au Royaume-Uni : Keir Starmer face à l'extrême droite

Les émeutes d'une violence inédite ont continué dimanche au Royaume-Uni, où au moins deux hôtels hébergeant des demandeurs d'asile ont été pris pour cible. Une épreuve pour le Premier Ministre, en poste depuis tout juste un mois.
Article rédigé par Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Des manifestants d'extrême droite face à la police, le 4 août 2024, à Weymouth, au Royaume-Uni. (JUSTIN TALLIS / AFP)

C'est une crise qu'il n'avait pas vue venir, mais Keir Starmer n'entend pas laisser son pays aux mains des émeutiers. Le Royaume-Uni est en proie à des violences inédites depuis plus de dix jours. Après la mort de trois petites filles dans une attaque au couteau à Southport, le 29 juillet, les anti-migrants se sont à nouveau réunis dimanche 4 août dans une dizaine de villes. Ils s'en sont pris aux forces de l'ordre et à au moins deux hôtels hébergeant des demandeurs d'asile.

Depuis le début de la semaine, Keir Starmer multiplie les messages de fermeté. Dans une déclaration solennelle, dimanche soir, depuis Downing Street - dont la façade est toute éclairée de rose la nuit - en hommage aux trois fillettes assassinées, le leader travailliste se montre très clair. Arrestations, poursuites, condamnations : la réponse de la police et de la justice sera rapide.

"Je vous garantis que vous allez regretter d'avoir participé à ces troubles, dit-il, que ce soit de manière directe ou en les encourageant depuis les réseaux sociaux. Nous avons vu des communautés musulmanes prises pour cibles, des mosquées attaquées, des saluts nazis dans la rue, des attaques contre la police et des actes de violence accompagnés d'une rhétorique raciste. Donc, non, je n'hésiterai pas à appeler les choses par leur nom : ce sont des brutalités d'extrême droite". 

Campagne de désinformation

Dans son viseur notamment, l’English Defense League (EDL), créée il y a 15 ans, également liée au phénomène des hooligans qui milite ouvertement pour une Angleterre blanche. Depuis huit jours, ce mouvement islamophobe alimente la haine et la campagne de désinformation qui a déferlé sur le net.

Car l'auteur de l'attaque n'est pas un demandeur d'asile comme le laissent croire des contenus partagés des millions de fois, mais un adolescent de 17 ans d'origine rwandaise présentant des troubles autistiques.

Diffusion de la rhétorique d'extrême droite 

Sur le plan politique, Keir Starmer a-t-il les armes pour résister à l'extrême droite ? Il est déjà très critiqué par le parti anti-immigration de Nigel Farage, qui l'accuse de laxisme sur les questions de police et d’immigration, deux sujets au cœur des dernières législatives.

Or, à ce scrutin, Reform UK a battu tous ses records, avec 4 millions de voix (soit 14 % des suffrages), qui lui ont ouvert les portes du Parlement où il dispose de cinq sièges désormais. 
Ce week-end, plusieurs de ses représentants ont expliqué que plutôt que de s'en prendre à l'extrême droite, le gouvernement ferait mieux de s'interroger sur le mécontentement et le malaise profond de la société britannique.

Certains commentateurs expliquent par ailleurs que les émeutiers ont pu se sentir légitimés par la montée d’un discours anti-migrants de plus en plus présent dans la classe politique, y compris chez les conservateurs. Le député Lee Anderson, depuis exclu du parti, leur a par exemple dit d'"aller se faire foutre en France" quand l'ex-ministre de l'Intérieur, Suella Braverman, parlait "d'invasion" migratoire. C'est à cette rhétorique que Keir Starmer devra s'attaquer de manière frontale. Dans les rangs du labour certains le lui demandent avec empressement.

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