"Gamelle", que de nombreux Français emportent au travail

Nous sommes de plus en plus nombreux à préparer notre frichti pour le repas de midi, sur le lieu de travail. Est-ce un phénomène nouveau ?
Article rédigé par Bernard Thomasson, Thierry Marx
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
De plus en plus, on prépare sa gamelle à la maison et on mange sur son lieu de travail. (VANESSA MEYER / MAXPPP)

Que vous travailliez dans un bureau, sur un chantier, ou en indépendant, peut-être faites-vous partie de ces milliers de Français qui apportent leur gamelle pour le déjeuner ? S'il revient en force, le phénomène n'est pas vraiment nouveau, comme le confirme Thierry Marx : "Je me souviens de mon papa qui partait le matin avec sa gamelle métallique à double étage, comme un bento du Titi parisien ! Cela transportait le repas familial et il y avait une maîtrise économique."

Souci d'économie et volonté de mieux manger

Aujourd'hui, on peut acheter un frichti prêt à consommer dans des boîtes, mais notre chef étoilé constate que beaucoup de gamelles sont préparées à la maison. Sans doute, toujours par souci d'économie, mais aussi pour répondre à une volonté de mieux manger : produits sains, peu transformés, et fraîcheur du repas de midi.

Que dit la gamelle de notre société ? La réponse du sociologue Jean Viard : "De plus en plus de gens habitent loin de leur lieu de travail, et donc forcément, ils rentrent moins à midi. Nous avons aussi raccourci notre pause déjeuner. Nous sommes dans une société de mobilité, où on a pris l'habitude de pique-niquer ou de manger sur le pouce. Enfin, la question du prix compte évidemment. Historiquement, la gamelle remonte aux paysans qui partaient aux champs pour la journée, elle s'est ensuite transmise au monde ouvrier."

Une forme de repli sur soi

Enfin la gamelle est une forme de concurrence au restaurant. Ce que reconnaît Thierry Marx : "Oui, cela télescope la fonction première du restaurant, mais comme la vente à emporter, la livraison à domicile ou la livraison au bureau. Nos concitoyens ont besoin de trouver une liberté dans leur alimentation. Et puis le retour de la gamelle démontre hélas que les salaires les plus modestes ne permettent plus de s'émanciper, et tout le monde essaie de faire des économies. Qui dit gamelle dit aussi individualité. On a perdu la commensalité du repas. La gamelle marque une forme de repli sur soi."

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