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La délicate stratégie des entreprises françaises en Russie

La France est le deuxième employeur privé de Russie, avec 160 000 salariés au total, de nombreuses entreprises présentes et des intérêts financiers importants.  Avec les sanctions économiques et financières mises en place par les États-Unis et les 27 pays de l’Union européenne, les contre-sanctions décidées par la Russie dans la foulée, la fébrilité est énorme.

Article rédigé par franceinfo, Isabelle Raymond
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Un magasin Auchan à Moscou, le 11 février 2021. Plus de 500 entreprises françaises sont présentes en Russie. (Illustration) (MIKHAIL SVETLOV / GETTY IMAGES EUROPE)

Certaines entreprises ont décidé de quitter la Russie. C’est le cas du secteur du luxe, pour une question d’image, de réputation notamment. D’autres restent comme le groupe Mulliez, c’est-à-dire les magasins Auchan, Décathlon, Leroy-Merlin, ce qui représente 77 500 salariés en Russie.

Au-delà de ces exemples, les entreprises françaises présentes en Russie craignent avant tout de ne pas être payées, selon une source patronale à franceinfo. Mais beaucoup restent parce qu’elles ont des contrats en cours. Et elles les honorent au risque de ne pas être rémunérées.

C'est le cas dans le secteur parapétrolier par exemple. Alors elles poursuivent leur activité dans le pays, même si elles suspendent tout investissement. En parallèle, ces entreprises françaises rapatrient leurs salariés étrangers, non russes. et évaluent leurs pertes.

D’ailleurs, certaines entreprises ont reporté la publication de leurs résultats financiers selon une source, le temps d’évaluer leur exposition à un effondrement éventuel de l’économie russe. 

"Partir c'est prendre le risque de tout perdre."

Une source patronale

à franceinfo

Les entreprises sont peu bavardes sur leur présence en Russie. Le gouvernement français non plus. Il n’y a aussi consigne officielle de quitter la Russie. D’ailleurs, après la sortie médiatique du ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, sur franceinfo, plus aucun membre du gouvernement ne se risque désormais à tancer Total, pour plusieurs raisons. Pas question d’appauvrir le pétrolier dans un contexte de hausse des prix du gaz et du pétrole. Alors l’exécutif demande au groupe de faire un geste à la pompe, ce à quoi Total a consenti il y a quelques jours.  

Le risque de nationalisation est sur toutes les lèvres

Celui d'expropriation aussi. Selon l'avocat spécialisé Olivier Dorgans, du cabinet Ashurst, il n’y a aucun texte officiel, pas de décret venant de Russie qui détaille à quelles sanctions, mesures de rétorsions, représailles, s’exposent réellement les entreprises étrangères qui quittent la Russie. Mais selon lui, les risques encourus et les conditions de départ sont différentes pour les entreprises étrangères, qu'elles soient des filiales de multinationales ou détenues en partie par des capitaux russes.

Les filiales prennent évidemment le risque de tout perdre en partant. Mais celles qui sont détenues en partie par des capitaux russes – c’est le cas pour Total en Russie à travers Novatek – sont soumises à une autorisation préalable du gouvernement russe, avant de quitter le pays.

Dans ce contexte, les entreprises présentes en Russie sont aujourd’hui dans un jeu d’équilibriste, où il faut à la fois évaluer des pertes qui peuvent être considérables, tout en évitant d’insulter l’avenir et un pays qui, pour le secteur de l’énergie, est aujourd’hui stratégique.

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