Le mot de l'éco. L'aménagement de la dette grecque suspendu
L’Eurogroupe suspend l’aménagement de la dette grecque après l’annonce de mesures sociales. C’est donc un nouvel épisode de crispation entre la Grèce et ses créanciers.
Pourtant, au regard des 320 milliards de dette d’Athènes, l’allègement validé par l’Eurogroupe début décembre s’apparente surtout à un toilettage technique. Il s'agissait notamment de ne pas appliquer de hausse des taux intérêts sur certains prêts contractés par la Grèce.
Volteface de l'Eurogroupe il y a trois jours
Finalement l’Allemagne met son veto et l’Eurogroupe annonce qu'il suspend donc ces mesures d'aménagement de la dette.
Une suspension qui ressemble beaucoup à une sanction contre Alexis Tspiras. Puisque le Premier Ministre grec venait en effet d'annoncer deux mesures sociales : d'abord une prime pour les petites retraites et surtout un report d'une hausse de la TVA dans les îles grecques confrontées à une crise migratoire sans précédent et qui ont dû faire face à l’arrivée de plus de 16 000 personnes.
Or dans son communiqué, l'Eurogroupe considère que "les actions du gouvernement grec ne sont pas en ligne avec nos accords". Pourtant, les mesures sociales annoncées par Alexis Tsipras ne sortent pas du cadre du mémorandum qui lie la Grèce à ses créanciers.
L’austérité sur les dépenses publiques est bien réelle
Et la Grèce a atteint un des objectifs fixés par l’Europe, en réussissant à dégager un excédent budgétaire primaire (c’est-à-dire hors charge de la dette). C’est cela qui permet de financer le coût d'un peu plus de 674 millions d'euros que représentent l’aide sur les retraites et la mesure sur la TVA.
La décision de l'Eurogroupe est avant tout politique et ne fait d'ailleurs pas l’unanimité au sein des pays membres. Pour François Hollande, "La Grèce doit être traitée dignement". Pas vraiment d'unanimité non plus au sein des institutions européennes, puisque Pierre Moscovici, le commissaire à l’Economie a lui aussi critiqué la suspension des mesures d'aménagement de la dette grecque.
Vers un nouveau bras de fer ?
Pour l’instant, Athènes a bien l’intention de tenir tête à l'Eurogroupe : la prime pour les petites retraites a été adoptée avant-hier par le Parlement. Ce qui laisse effectivement la porte ouverte à un nouveau bras de fer. La Grèce pourrait donc se retrouver privée des fonds versés par ses créanciers, fonds dont elle a besoin pour rembourser ces mêmes créanciers, qui à leur tour risquent d'exiger de nouvelles réformes.
Toujours donc le même scenario qui illustre surtout l’incapacité de l’Europe à sortir du cercle vicieux de la crise grecque.
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