Le mot de l'éco. Le revenu universel d'activité : une mise en œuvre complexe
Promis par Emmanuel Macron, ce nouveau dispositif présenté comme un outil de lutte contre la pauvreté doit fusionner plusieurs aides sociales, afin de les rendre plus lisibles. Une idée simple qui cache une extrême complexité.
Une précision de langage tout d’abord : rien à voir entre le revenu universel évoqué par certains économistes ou par Benoît Hamon pendant la campagne présidentielle (un revenu qui serait attribué à tous), ce n' est pas du tout ce dont il est question avec ce Revenu Universel d'Activité. Le RUA doit etre la fusion de plusieurs aides, une sorte de guichet unique : une seule demande, un seul versement. Plus simple en apparence, le dispositif qui fait l’objet de concertation entre le gouvernement, les syndicats et les associations, pose en réalité une cascade de questions quant à sa mise en œuvre. On va partir de ce qu'on sait : ce revenu universel d’activité rassemblera au moins trois aides: le RSA, les APL ( les aides au logement ) et la prime d'activité. Avec comme objectif d'inciter à la reprise d'activité.
Des contours encore flous
Emmanuel Macron a exclu cette semaine d'y intégrer l’allocation adulte handicapé répondant ainsi à une demande des associations de personnes handicapées En revanche, et c'est l' objet des discussions en cours, ce revenu universel pourrait avaler l' ASS (l' allocation pour les chômeurs en fins de droits), le minimum vieillesse... voire les bourses étudiantes. Et c'est là qu'on entre dans des méandres de difficultés. Conditions de ressources, montant, versement : aucune de ces aides n'est calculée sur les mêmes bases. Si le Revenu Universel les regroupe toutes, que prendra-t-on en compte ? Les revenus de la personne ? Celle de la famille ? Mais dans ce cas, quid des bourses étudiantes, censées justement être une aide à l’autonomie financière des jeunes ? Autre question: comment articuler ce revenu universel avec la recherche d'activité, si on inclut dans le dispositif des étudiants boursiers et des retraités qui touchent le minimum vieillesse ?
Quel financement ?
C'est la question qui inquiète les associations. Elles craignent une réduction des budgets mais aussi des départements, qui financent le RSA et qui, eux, redoutent d'être encore plus mis à contribution. Car si le revenu universel d'activité se traduit vraiment, comme c'est l' objectif affiché, par un système plus simple, plus lisible, alors il est fort possible qu'il y ait plus de bénéficiaires que via les différentes aides qui existent aujourd'hui. Une étude de 2011 montrait de 35 % des personnes qui pouvaient prétendre au RSA ne le demandaient pas. Christelle Dubos, la secrétaire d'état chargée du dossier, assure qu' il y aura bien un budget supplémentaire. En attendant, cette question du financement ne sera abordée que dans la dernière phase des concertations après les municipales. Le projet de loi doit être présenté dans l' année pour une mise en œuvre au mieux en 2022.
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