TAFTA : le traité de libre-échange transatlantique peut-il capoter ?
C'est le 13ème cycle de négociations et cela patine toujours. Cela fera bientôt 3 ans que l'Europe et les Etats Unis discutent.
L’enjeu est colossal. Il s'agit de créer la plus grande zone de libre-échange au monde : 820 millions de consommateurs, près de la moitié de la richesse mondiale. L'idée c'est de faciliter le commerce entre les deux rives de l'Atlantique. Pour cela, il faut s'entendre sur une baisse des droits de douanes et surtout sur une harmonisation des normes.
Quels pourraient être les effets de ce traité ?
Il suscite beaucoup de craintes. Ses opposants avancent par exemple que la malbouffe américaine pourrait s'imposer dans nos assiettes, avec du poulet lavé au chlore, des OGM ou du bœuf aux hormones. Tout cela est autorisé aux Etats-Unis.Du coté des négociateurs européens, on jure que nous conserverons nos normes sanitaires. Si ce traité nourrit autant de peurs, c'est que les discussions se déroulent dans le plus grand secret. C'est la règle.
Est-ce qu'on sait tout de même sur quoi ça bloque ? Ce que la France veut obtenir ?
Il y a des lignes rouges pour la France. L’indication géographique des produits, par exemple : les AOC, AOP... ces labels qui lient un produit à son terroir. Les Etats-Unis n'en veulent pas. Mais la France y tient, parce qu'elle a beaucoup à y gagner. Chaque année, il se vend sur le sol américain 120 millions de bouteilles qui portent le nom de Champagne… mais qui n'en sont pas. Elles ne viennent pas de la région de Champagne en France. Si l'indication géographique s'imposait aux Etats-Unis ce serait un débouché supplémentaire pour nos viticulteurs.
La France veut aussi un accès plus facile aux marchés publics américains qui sont largement réservés aux entreprises nationales. Les Français espèrent ainsi pouvoir vendre leur savoir-faire dans les transports publics ou dans le traitement de l'eau et des déchets. Sur ces points -et d'autres- les Etats Unis ne semblent pas prêts à bouger d'un iota.
François Hollande menace de dire « non » à ce traité. Est-ce que la France peut faire capoter les discussions ?
Un refus est possible, si les blocages persistent. Avec un "non", François Hollande ne prendrait pas un grand risque : ce traité a peu de chance d'aboutir. Côté américain, peu importe qui succèdera à Barack Obama, tous les candidats à la Maison Blanche sont réticents à un accord transatlantique. Et côté européen, si un accord était signé, il faudrait qu'il soit ratifié par les 28 pays de l'Union. Ce qui semble difficile.Avec un "non", François Hollande satisferait surtout une partie de la gauche française, hostile au TAFTA. Bref, il aurait plus à gagner qu'à perdre.
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