La France va-t-elle retourner au charbon ?
Dans un champ en bordure de la ville de Folschviller en Moselle, la plateforme est aujourd'hui à l'arrêt. Il ne reste plus qu'un bassin d'eau, des conteneurs, une pompe au-dessous du puits qui témoignent de toute l'eau pompée au moment des tests. Des tests qui se sont terminés en décembre dernier et qui sont concluants.
"Nous pensons avoir des ressources conséquentes jusqu'à neuf ans de la consommation française rien que sur nos trois permis en Lorraine ", explique Frédéric Briens, directeur d'EGL France.
Le gaz de houille ou gaz de charbon est connu depuis longtemps et la Lorraine a eu le temps de faire des recherches sur son potentiel. Sa dernière mine a fermé en 2004. A l'époque, les techniques d'extraction du gaz de houille balbutiaient. Les exploitants évacuaient ce gaz des galeries pour éviter les explosions. Aujourd'hui, ils le valorisent parce que les prix du gaz sont plus élevés.
Le gaz de houille n'utilise pas la fracturation hydraulique
Par rapport au gaz de schiste, c'est toujours le même gaz, du méthane. Mais la façon dont il est piégé dans la roche est différente. "Le charbon est tendre et naturellement fracturé. On utilise ses fractures pour en extraire le gaz en faisant passer un drain horizontal ", explique Jacques Pironon, directeur de recherche au CNRS et à la tête de l'UMR Géoressources de l'université de Nancy.
Une "énergie du passé"?
Pas besoin des quantités d'eau astronomiques, ni de produits chimiques nécessaires aux gaz de schiste, pas besoin non plus de tous ces camions assure l'équipe de la société EGL. Il n'empêche qu'il faut toujours traverser des nappes phréatiques, mais les écologistes ont du mal aujourd'hui à argumenter sur les dangers de la technique. "C'est toujours du gaz qui émet du CO2 quand il est brulé. Le débat sur la transition énergétique doit porter sur les économies d'énergie que l'on fait et sur les investissements dans le renouvelable. Pas sur les énergies du passé qui aggravent le changement climatique ", tempête Mathieu Orphelin, de la Fondation Nicolas Hulot.
La région Lorraine devrait dire pourtant aujourd'hui si elle finance un programme de recherche avec l'université de Nancy. Le ministre du Redressement productif vante ce gaz "made in France", qui pourrait réindustrialiser le pays avec des milliers d'emplois pour la Lorraine et du gaz moins cher que celui qui nous vient de Russie.
Mais comment le prouver alors que la société EGL a deux permis de recherche en suspens ? Elle espère surtout les obtenir et lever des fonds pour simplement prouver qu'il y a du gaz. La compagnie reconnaît qu'elle n'a pas les moyens de l'exploiter ensuite. Il faudra ensuite soit vendre ces permis soit s'allier à de grands groupes pétroliers.
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