Le jackpot de Candy Crush
C'est une drogue pour 100 millions de personnes chaque
jour. Cent millions de joueurs. On peut y jouer sur ordinateur, sur tablette ou
sur téléphone. D'ailleurs, il suffit de jeter un œil dans les transports en
commun, vous y verrez forcément des gens le nez sur leur écran en train
d'empiler des bonbons.
Car c'est le principe, tout simple, aligner des
friandises de même couleur et les faire disparaître. Le joueur franchit des
niveaux de plus en plus compliqués, il y en a 450. "Ça touche vraiment
toute la famille, raconte Mathilde, 20 ans, une fan de Candy Crush. De mon
frère qui est au CP, à mon père 50 ans, qui est cadre à ma tante qui est
avocate. Même ma grand-mère ! Elle a une tablette et comme les petits-enfants y
ont installé le jeu, je pense que de temps en temps, elle se prend au
jeu. "
Ce qui rend ce jeu si addictif, c'est sa simplicité, il
ne faut pas plus de 30 secondes pour comprendre le principe. Et vous pouvez y
jouer partout, tout le temps. C'est distrayant, ludique et de plus en plus
difficile, il y a donc quand même un petit challenge.
Environ 4% des joueurs paient
Candy Crush n'est pas le seul jeu de ce type. En France,
la société Pretty Simple a créé Criminal Case. Un grand succès là aussi. De
courtes énigmes à résoudre. Corentin Raux est cofondateur de Pretty Simple, il
nous explique comment ces jeux rapportent de l'argent : "Vous n'avez rien
à débourser pour jouer ou installer le jeu. En revanche, dans Criminal Case par
exemple, les sessions de jeu sont limitées dans le temps. Vous jouez pendant
une dizaine de minutes et ça s'arrête. Si vous voulez continuer, il faut soit
attendre 3 heures, soit payer quelques euros et vous rejouer immédiatement. Ce
faible pourcentage de joueurs qui payent nous permet de gagner notre vie. "
Nous y voilà ! Autour de 4% des joueurs seulement versent
de l'argent. Mais avec Candy Crush, ça représente 5 millions de dollars chaque
jour. C'est un jeu qui se propage par les réseaux sociaux, c'est grâce à
Facebook que Candy Crush a explosé. D'ailleurs, si vous avez un compte
Facebook, vous avez forcément reçu des messages du type "Machin Bidule
vous invite à jouer à Candy Crush". Le jeu se propage comme ça. Par vos
amis. Comme un virus.
Il y a trois ans, ça valait 50 millions de dollars
Et Facebook y trouve son compte. La société King éditrice
de Candy Crush fait 20% de son chiffre d'affaires sur Facebook. Et sur cette
somme, Facebook prélève 30%. Tout ça pour quelques bonbons qu'on empile. "Ça
a l'air simple mais c'est extrêmement compliqué, souligne Julien Codorniou,
directeur des partenariats chez Facebook. Il y a beaucoup de travail et de
talent. C'est une société qui a douze ans d'existence. Elle vivotait il y a
trois ou quatre ans. Plein de gens
auraient pu la racheter pour 50 à 60 millions de dollars. A l'époque, tout le
monde trouvait ça trop cher et aujourd'hui, elle vaut 7,6 milliards de dollars.
King, c'est presque deux milliards de dollars de chiffre d'affaires l'année
dernière, soit 20 fois plus que l'année d'avant. Une telle croissance, une
telle profitabilité, c'est très rare. Donc la valorisation que l'on atteint
aujourd'hui ne me surprend pas ."
"Aujourd'hui, je m'en mords les doigts " (capital-risqueur)
Et voilà donc aujourd'hui Candy Crush, un jeu créé par
une dizaine de personnes pour 14.000 dollars, qui va se retrouver en bourse avec
une valorisation de plus de sept milliards de dollars. Benoît Grossman est admiratif. Chez Idinvest, il
investit sur des entreprises, des projets, c'est un capital-risqueur dans le
numérique. Il a notamment participé à l'essort de Dailymotion, Deezer ou encore Sarenza.
Et ces dernières années, il a souvent misé sur des petites sociétés qui
développaient des jeux du type Candy Crush : "Bien sûr que ça fait rêver.
D'autant plus que j'aurais pu investir dans cette société en 2004. Même si je
ne dois pas être le seul, je m'en mords aujourd'hui les doigts. On aurait pu
investir sur des valorisations qui se chiffreraient en dizaines de millions
d'euros. On a raté un retour sur investissement très important. Nous sommes
dans un domaine où il faut surtout épouser le marché, ne pas hésiter à se
contredire parce que le marché a changé. Le social gaming est particulièrement
important pour nous désormais. Notre métier n'est pas de faire tous les bons
investissements mais de ne faire que des bons investissements. "
Les jeux de type Candy Crush se développent rapidement et
peuvent générer beaucoup d'argent très vite. Au point que certains évoquent une
bulle financière qui serait en train de gonfler. Avec, évidemment, un risque
d'éclatement et donc d'effondrement brutal du marché.
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