Syrie : deux jeunes Français partis faire le djihad témoignent
Les
premiers contacts avec ces deux djihadistes français en Syrie ont été pris sur Facebook il y a deux mois. D'abord méfiants ils ont décidé de répondre aux
questions sur Skype. Ils
s'appellent Abou Chaak, 24 ans, converti à l'Islam, et Abou Dahouk, 26 ans. Ils
admettent que ce sont des pseudonymes pour ne pas être identifiés par les
autorités françaises.
Tous deux disent être originaires de la région
parisienne. Ils se trouvent actuellement dans la région d'Alep au nord de la Syrie
et combattent au sein de l'Etat islamique en Irak et au Levant proche, groupe
terroriste qui prône une version extrême de l'Islam.
"Délaisser sa religion, c'est enlever son coeur"
Abou
Dahouk est régulièrement en contact avec sa mère, cette dernière lui a souvent
demandé de rentrer en France, ce qu'elle ne fait plus
aujourd'hui. "Elle ne me dit plus de rentrer, parce que quand j'étais en France elle sentait mon mal être, je n'étais pas bien. Tu marches dans la rue avec une grosse barbe, tout le monde te regarde comme si t'étais un extra-terrestre ", dit-il.
"Un mec un jour a un entretien m'a dit : quand tu viens au boulot, tu laisses ta religion à la maison ". Mais "demander à quelqu'un de délaisser sa religion, c'est lui enlever son coeur ", s'insurge le jeune homme.
"Il n'y avait pas d'autre issue que le djihad"
Il y a
plus d'un an Abou Dahouk était l'un des premiers Français à ejoindre la Syrie
pour faire le djihad. Depuis, selon les services de renseignement, ils seraient près de
250 Français à combattre et 150 ont déjà manifesté leur volonté de s'y
rendre. "Tous les jours je rencontre des nouveaux Français. Tu vois le Djihad il est en français, c'est devenu normal de parler français. Il y a même des Français du Sud ! " confient les deux hommes via Skype.
Et ce
qui frappe avec ces deux jeunes djihadistes français, c'est la légèreté avec laquelle ils s'expriment sur Skype. Ils ont répondu à toutes
les questions, sur les opérations suicides, sur la guerre contre l'armée de
Bachar al-Assad, et actuellement contre les autres factions rebelles, nous avons
évoqué leur éventuel retour en France.
Leur retour : l'inquiétude du gouvernement
Tous disent vouloir mourir au combat ou dans une opération suicide pour aller
au paradis, là-dessus il sont très clair. Mais certains, comme Abou Chaak, avouent avoir de l'admiration pour Mohamed Merah qui était allé au Pakistan avant de
perpétrer les tueries de Toulouse et de Montauban.
"Merah représente une jeunesse qui revient à l'Islam, fière, qui sait ce qu'elle veut. Nous, aujourd'hui, on a des papiers européens, moi si je veux je rentre en France et je fais tout péter !"
Il
faut préciser que la présence de djihadiste en Syrie n'est pas un phénomène
franco-français, il est mondial. Sur place on constate une internationalisation
du djihad. Quant aux Européens, ils seraient entre 1.500 et 2.000 jeunes à avoir
rejoint le nord de ce pays en guerre depuis bientôt trois ans.
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