UMP : les sympathisants alsaciens déboussolés
Ce sont les mêmes adjectifs qui reviennent : écœurant, indécent, indigne, puéril, ridicule... En Alsace, où l'UMP revendique 7.000 adhérents, François Fillon est arrivé légèrement en tête lors du vote interne avec 54% des voix contre 46% à son adversaire. Mais qu'ils soient pro-Fillon ou pro-Copé, les militants sont aujourd'hui plongés dans le même désarroi.
Sur le marché de Noël de Colmar, Richard -qui vend des biscuits et des gâteaux alsaciens- est sidéré par la tournure des événements. "Cela fait mal au coeur, je n'aurais pas imaginé qu'on en arrive à ce point-là. Cela fait une semaine que j'évite les médias, que j'évite de lire les journaux. On est la risée en France et même à l'étranger, parce que les Allemands nous suivent aussi. Je ne m'identifie plus à ce parti. Je vous dis franchement, j'ai envie de ne plus payer ma cotisation et de dire allez vous faire foutre ".
"Ça ne donne plus du tout envie. On est en train de tout foutre en l'air."
Beaucoup de militants regrettent ce grand déballage sur la place publique, ce mauvais film à l'UMP. Damien Oswald, 37 ans, chef d'une entreprise de panneaux solaires photovoltaïques près de Strasbourg, a adhéré au parti en 2005. Et il regrette amèrement l'absence de chef de file à l'UMP. "Ce qui se passe, ça ne donne plus du tout envie. On est en train de tout foutre en l'air. On ne sait honnêtement pas où on va. On est complétement dépendants, pris en otage par cette scission de deux personnes. S'il y a effectivement une scission, à un moment donné, on va nous demander à nous aussi de faire un choix. Ce sera une machine à perdre parce que quand il n'y a pas l'union à droite, la droite perd ".
De nombreux militants UMP regrettent aussi de voir que leur parti est devenu inaudible, absent des grands débats sur le mariage gay, la montée du chômage, la nationalisation d'Arcelor Mittal. Un vide qui -disent-ils- laisse le champ libre à la majorité.
Députés divisés
Les députés alsaciens sont partagés également. Sept des douze UMP de la région ont rejoint le groupe de François Fillon. Certains craignent que les divisions viennent contaminer la base. Et la semaine dernière, le retour dans les circonscriptions a été parfois agité confie Jean-Louis Christ, député-maire de Ribeauvillé, 5.000 habitants, dans le Haut-Rhin.
"Nous ne devons pas transposer l'agitation parisienne à la province."
"J'ai des coups de fil, des gens qui prennent rendez-vous à ma permanence, qui me rencontrent en me disant d'arrêter ce massacre. Moi je suis obligé de m'expliquer" , raconte Jean-Louis Christ. "Étant membre de l'UMP, je ne peux pas être indifférent à ce qui se passe et m'en laver les mains. Nous devons montrer, nous, que nous sommes des gens responsables. Nous ne devons pas transposer l'agitation parisienne à la province. Surtout pas. Car là ce serait vraiment l'éclatement de l'UMP ", poursuit-il.
Quelle issue ?
Militants et sympathisants UMP, pour la plupart, souhaiteraient un nouveau vote, électronique cette fois, car jugé plus sûr que le vote papier. D'autres, plus rares, aimeraient que la victoire de Jean-François Copé soit définitivement validée. Mais tous ou presque s'accordent sur un point : les deux hommes sont les grands perdants de ce combat de coq.
C'est l'avis de Marcelle, 80 ans, écharpe rouge, boucles d'oreille noires et cheveux colorés. "Ils n'ont plus besoin de se présenter aux prochaines élections, ni Copé, ni Fillon, parce que je pense pas qu'ils auront des voix. Ils se sont complétement discrédités. Pour eux deux, c'est terminé. Vous verrez si j'ai pas raison ".
Nicolas Sarkozy, "pour moi c'est le sauveur."
Un nom qui est souvent cité par les sympathisants UMP croisés à Colmar, celui de l'ancien président de la République, Nicolas Sarkozy. "Pour moi c'est le sauveur " assure Jean-Claude, 67 ans, directeur financier à la retraite. "C'est l'unique solution car c'est celui qui rassemblerait les troupes, qu'elles soient pour Fillon ou Copé, je pense qu'il serait à même de rassembler tout le monde. Je pense qu'il a envie de revenir ".
Pour l'instant, Nicolas Sarkozy reste dans les coulisses et s'efforce de trouver une solution à la crise. Il a demandé à Jean-François Copé et à François Fillon de s'entendre. Son ultimatum expire mardi.
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