Un implant rend la vue à certains aveugles, un "miracle"
A l'origine de cette innovation la société Pixium fondée par le professeur José-Alain Sahel et par le docteur Bernard Gilly. Les deux amis ont mis au point un système en deux parties.
Il y a d'abord une caméra très spéciale fixée sur une paire de lunettes. Une caméra qui, exactement comme la rétine de l'oeil, n'enregistre que les mouvements. Ses images sont codées par un microprocesseur.
La seconde partie est l'implant lui-même qui est implanté dans l'œil : une partie à la surface du globe oculaire ; l'autre partie, composée d'une cinquantaine d'électrodes, est au contact du nerf optique qui transmet les signaux électriques reçus par l'implant vers la partie du cerveau qui traite la vision.
"Pour moi, c'est un miracle "
L'implant fait aujourd'hui l'objet d'un essai clinique qui a débuté en juillet 2013. Dix patients doivent être équipés dans trois centres en France, en Allemagne et en Autriche. A ce jour cinq patients ont déjà été opéré dont Barbara. Elle a perdu la vue il y a 20 ans et cet implant est en train de révolutionner sa vie :
"C'est exceptionnel , dit-elle. Quand le système a été allumé un flash est apparu. Ca a été une grande émotion, pour moi c'est un miracle". Mais elle tient à préciser. "Je ne vois pas les objets comme avant, je les perçois."
Mais un miracle au prix d'un grand effort car l'implant n'envoie vers le cerveau que des impulsions électriques, il faut donc que le patient apprenne à interpréter ces impulsions pour les transformer en images et il faut plusieurs mois.
"Le cerveau peut reconstruire des images "
C'est la raison pour laquelle cet implant ne concerne que des personnes qui ont déjà vu et qui donc gardent en mémoire les images des objets, des personnes qu'elles voyaient. Comme le dit Serge Sancho qui est orthoptiste au centre d'investigation clinique des 15-20 à Paris : "L a prothèse visuelle produit des flashes qui ne correspondent pas à grand-chose. L'important c'est que le cerveau comprenne ces stimulations pour reconstruire une image".
Aujourd'hui, l'implant comprend une cinquantaine d'électrodes. Son fonctionnement peut être amélioré en jouant sur la fréquence, sur l'intensité des signaux ou en regroupant certaines électrodes. Par ailleurs un nouvel implant contenant 3.000 à 5.000 électrodes est à l'étude chez Pixium. Bernard Gily est persuadé que grâce à cet implant un aveugle pourra reconnaître le visage d'une personne et même lire un texte.
100.000 euros pour un implant
Pour l'instant cet implant ne concerne que les personnes qui souffrent de rétinite pigmentaire. Mais dans quelques années, il pourrait être proposé à des malades souffrant de DMLA (dégénérescence maculaire liée à l'âge) et même à des aveugles de naissance. Seule condition : le nerf optique soit en bon état pour transmettre les informations de l'implant vers le cerveau.
Si les essais cliniques actuels donnent de bons résultats, la première version d'implant pourrait être commercialisée l'année prochaine. Son prix devrait être de l'ordre de 100.000 euros. Deux autres sociétés dans le monde travaillent aussi sur un modèle d'implant rétinien.
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