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La couverture de l’actualité internationale sur franceinfo

L’actualité internationale est très présente dans les messages d’auditeurs. Franck Mathevon, directeur de l’information internationale à Radio France est au micro d’Emmanuelle Daviet.
Article rédigé par Emmanuelle Daviet
Radio France
Publié
Temps de lecture : 6min
Des migrants arrivent à Lampedusa en Italie, le 18 septembre 2023. (ZAKARIA ABDELKAFI / AFP)

Beaucoup d’actualité internationale, Sahel, Maroc, Lampedusa, Lybie, Iran, Arménie. Les auditeurs envoient beaucoup de messages et de questions à la médiatrice des antennes de Radio France, Emmanuelle Daviet. Elle reçoit aujourd'hui pour leur répondre, Franck Mathevon, directeur de l’information internationale à Radio France.

Emmanuelle Daviet : Comment s’organisent les journalistes pour être sur tous les fronts, se demandent les auditeurs ?

Franck Mathevon : Alors c’est vrai qu’on a une actualité internationale qui est très dense depuis le mois d’août. On pourrait même y ajouter la guerre en Ukraine, qu’on continue à couvrir tous les jours sur franceinfo. Nous, on a une équipe d’une vingtaine de journalistes à Paris, à la rédaction internationale, et une dizaine de correspondants dans le monde entier, plus une armée de pigistes, des dizaines de pigistes de par le monde. Il y a chaque jour, en fait, des arbitrages à faire. Une mission de reportage, ça coûte de l’argent, ça mobilise bien sûr un journaliste, bien souvent, un technicien également. Est-ce pertinent d’aller sur tel ou tel terrain ? On se pose chaque jour la question.

Là, par exemple, on a décidé mardi d’envoyer nos correspondants à Istanbul, en Arménie. On a évidemment envoyé des reporters au Maroc. Notre correspondant à Rome est parti à Lampedusa, le week-end dernier, et on essaye aussi de travailler de Paris sur tous ces sujets. Donc être présent sur le terrain, mais aussi travailler notre expertise à Paris, joindre des spécialistes, obtenir des témoignages, travailler aussi sur les aspects diplomatiques, ça fait forcément d’assez longues journées, surtout en ce moment, quand l’actualité est si dense. Mais voilà, on fait ce métier avec passion. Et puis on essaie de couvrir cette actualité internationale de la manière la plus exhaustive possible.

Libye, le 21 septembre 2023. Une pièce recouverte de boue dans une maison à l'est de la ville de Soussa, après les inondations meurtrières dans la nuit du 10 au 11 septembre. Un désatre qui se chiffre aujourd'hui à plus de 10 000 personnes disparues, et plus de 3 300 décédées. (OZAN KOSE / AFP)

Une étudiante en école de journalisme souhaiterait savoir comment vous couvrez l’info dans des pays difficiles d’accès, comme la Lybie ?

Alors ça, c’est une difficulté supplémentaire qui se présente, me semble t-il, un peu plus souvent aujourd’hui. Il y a des pays où on ne peut plus aller, désormais. Des pays qui trient les journalistes, où il est très difficile d’obtenir des visas, où la liberté de la presse est restreinte, et il y en a, à mon sens, de plus en plus. On peut en citer quelques-uns : l’Iran, la Corée du Nord, la Syrie, l’Algérie, le Venezuela, la Russie, la Chine. Soit on ne peut pas aller dans ces pays, pas du tout, soit les demandes de visa sont très longues et la Libye fait partie de ces pays. On y a été confronté ces derniers temps. Les inondations ont fait des milliers de morts dans l’ouest de la Libye, et on voulait absolument être sur place. On n’y est pas parvenu.

On a envoyé au Caire notre correspondant à Jérusalem, qui n’a jamais obtenu les bons documents, soi-disant pour pouvoir accéder à la zone via Benghazi. Beaucoup de journalistes du monde entier ont d’ailleurs été refoulés à cet aéroport de Benghazi. Heureusement, un reporter de franceinfo a pu accompagner la sécurité civile française à Derna, la ville libyenne la plus touchée. Et ça nous a permis de couvrir à peu près correctement cette actualité, même s’il a été très contraint dans ses déplacements.

On a eu en tout cas une nouvelle preuve de ces restrictions, de ces difficultés imposées aux journalistes, dans certains pays. Il faut dire qu’en Libye, le pays est coupé en deux. Il y a deux autorités d’une grande complexité administrative et on s’aperçoit que bien souvent, l’opacité, d’une certaine manière, est l’alliée de ces régimes.

L’Arménie a affirmé mercredi qu’au moins 32 personnes avaient été tuées, et plus de 200 autres blessées, depuis l’offensive lancée la veille, par les forces azerbaïdjanaises dans le Haut-Karabakh. Les séparatistes arméniens du Haut-Karabakh négocient la réintégration de cette région, disputée à l’Azerbaïdjan. Il s’agit d’un accord trouvé après une médiation des forces russes de maintien de la paix. Quelles sont les difficultés auxquelles sont confrontées vos équipes pour couvrir cette actualité ? 

Alors là aussi, il y a des restrictions. Très vite, je vous le disais, dès mardi soir, on a décidé d’envoyer sur place notre correspondante à Istanbul, en Arménie. Notre pigiste en Géorgie, qui est aussi un expert du Caucase, était sur place dans la nuit de mardi à mercredi. La difficulté principale, c’est que l’enclave même du Haut-Karabakh, qui est donc au cœur du conflit, n’est pas accessible aux journalistes. Donc forcément, ça complique beaucoup notre couverture de cette actualité, de cette crise.

On essaye dans ces cas-là, de recueillir un maximum de témoignages à distance, à Erevan bien sûr, mais aussi depuis Paris. Et c’est ce qu’on a fait d’ailleurs également en Libye ou en Iran, un an après le début du mouvement de contestation, un an après la mort de Mahsa Amini. La technologie nous permet aujourd’hui, parfois à partir de simples notes vocales, de recueillir des témoignages dans des pays comme ça, qui sont presque fermés aux journalistes.

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