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La couverture du conflit israélo-palestinien et les questions des auditeurs

Quelle est la couverture éditoriale du nouvel engrenage de violence meurtrière entre Israéliens et Palestiniens ? Frédéric Métézeau, correspondant de Radio France à Jérusalem, répond aux questions des auditeurs.
Article rédigé par Emmanuelle Daviet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Le studio 421 de franceinfo. (AURÉLIEN ACCART / FRANCE-INFO)

Le rendez-vous de la médiatrice est aujourd'hui consacré aux questions des auditeurs sur le traitement du conflit israélo-palestinien sur franceinfo. Depuis l'engrenage des violences meurtrières, vendredi dernier 27 janvier, Emmanuelle Daviet a reçu de nombreux courriels. Pour comprendre la couverture éditoriale des événements, elle a appelé Frédéric Metezeau, correspondant de Radio France à Jérusalem.

Emmanuelle Daviet : Les remarques des auditeurs se divisent en deux catégories : ceux qui jugent le traitement journalistique pro-palestinien, et ceux qui estiment le traitement éditorial pro-israélien. Que vous inspire ce constat ?

Frédéric Métézeau : Ça m’inspire une petite blague que je fais à chaque fois qu’on me rapporte ces messages contradictoires finalement, c’est que : soit je suis un très très mauvais journaliste, soit je suis à peu près honnête dans mon approche. Donc non, pour être plus sérieux, c’est assez classique. Je crois que la médiatrice reçoit ce type de message. Ça ne concerne pas seulement Israël et la Palestine.

Concernant mon travail ici, comme correspondant à Jérusalem, je crois que ceux qui vous écrivent ou ceux qui s’adressent à moi directement, sur les réseaux sociaux ont parfois des idées préconçues, et je pense qu’ils m’écoutent avec des oreilles militantes et engagées, tout simplement parce que je n’ai jamais vu personne.

Même si j’entame le dialogue en privé, parce que généralement, je ne réponds pas publiquement aux gens, mais il m’arrive de leur envoyer des mails ou des messages privés sur Twitter, je ne vois jamais personne changer d’avis, alors que je prends le temps d’expliquer ce que je fais, d’expliquer ma méthodologie. Donc non, je pense que ce sont des messages très engagés. On a le droit d’être engagé, on a le droit d’être militant.

Je peux être soumis à la critique. Il n’y a aucun problème avec ça. Je suis même prêt à faire des mea culpa si par exemple, j’ai donné une information inexacte, Mais je crois que dans le cas présent, c’est un peu comme la politique. Vous savez, Israël et la Palestine, ça enflamme les esprits, souvent d’ailleurs, j’ai remarqué, des gens qui peut-être sont passionnés par la chose, mais par exemple, qui ne sont jamais venus ici.

Vous, vous êtes sur le terrain en immersion, comment procédez-vous pour que vos reportages reflètent au plus près, ce que vivent, ce que ressentent les communautés ?

C’est le travail du reporter. C’est parler à tout le monde, peu importe la nationalité, la croyance, l’engagement politique. Ensuite, c’est rencontrer les gens en vrai, dans leur environnement familier et naturel. Ça m’oblige à faire beaucoup de kilomètres, effectivement, il faut sortir de Jérusalem. Il faut aller d’abord dans les différents quartiers de Jérusalem, ensuite, je vais dans un maximum de villes israéliennes et palestiniennes.

C’est plus compliqué quand il faut aller à Gaza, parce qu’il faut un certain nombre d’autorisations. Ensuite, il faut essayer d’être le plus proche des gens quand on leur parle, ça veut dire d’abord évidemment, savoir de quoi on parle, connaître l’histoire des lieux, l’histoire des peuples, leur religion, leurs coutumes. Ça veut dire aussi beaucoup de lecture, se nourrir au maximum.

Ça veut dire, quand on le peut, parler leur langue, alors j’ai appris l’hébreu. Donc avec les Israéliens, j’arrive à avoir des dialogues un peu plus que : 'Bonjour, je m’appelle Frédéric Métezeau', vous voyez, même si évidemment, je ne suis pas bilingue parce que l’hébreu, ce n’est pas non plus une langue très évidente.

Et puis il faut du temps pour apprendre. Mais j’arrive déjà à engager la conversation et les échanges avec eux, avant de passer à l’anglais ou au français, voire de recourir à un traducteur quand ce sont des interviews assez longues et complexes. J’aimerais bien apprendre l’arabe, malheureusement je n’ai pas eu le temps. Mais pourquoi je vous parle de la langue ? Parce que les gens se confient toujours mieux, quand ils sentent que vous parlez comme eux.

Frédéric Métezeau, on termine avec cette remarque d’une auditrice. Elle écrit :

"Quand il y a des problèmes politiques en Israël, les journalistes disent qu’il y a une tension au 'Proche-Orient' ? Ce n’est pas vrai, il n’y a pas de tension dans les autres pays, le Proche-Orient est une immense région et c’est grave, ça influence les auditeurs qui associent des événements qui se passent en Israël à toute une région."

Trouvez-vous la remarque de cette auditrice fondée ?

Je suis désolé pour elle, mais non, je ne suis pas d’accord. Je veux bien volontiers confesser une facilité de langage. On dit Proche-Orient alors qu’on devrait dire Israël et Palestine. Donc de ce côté-là, peut-être qu’on doit faire autrement. En revanche, d’abord le Proche-Orient n’est pas une si grande région que ça. Plaquer la carte du Proche-Orient sur la carte de l’Europe et vous verrez que ce n’est pas si grand.

Et ensuite, si j’ai une vision extensive du Proche-Orient, bon Israël-Palestine, la tension est quand même assez régulière, au Nord, j’ai le Liban qui est un pays en plein effondrement, ce n’est pas non plus très simple. À l’Est, j’ai la Syrie, pas besoin d’en dire plus sur ce pays qui traverse une atroce guerre civile. Si on élargit un peu, c’est l’Irak et c’est l’Iran. Donc non, malheureusement, il y a d’immenses tensions dans toute la région du Proche-Orient.

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