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Le rendez-vous de la médiatrice. Donner la parole aux combattants du groupe État islamique ? Les auditeurs réagissent

Les reportages sur la Syrie ont fait réagir les auditeurs, plus précisément celui du journaliste Aurélien Colly qui a rencontré, dans le désert syrien, les derniers combattants du groupe État islamique, sortis du siège de Baghouz et arrêtés par les forces kurdes.

Article rédigé par franceinfo, Emmanuelle Daviet
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Des familles de jihadistes sorties de Baghouz (Syrie) se rendent aux Forces spéciales kurdes. (RADIO FRANCE)

Le journaliste Aurélien Colly a rencontré, dans le désert syrien, les derniers combattants du groupe État islamique, sortis du siège de Baghouz et arrêtés par les forces kurdes.

C’est la première fois que l’envoyé spécial de Radio France a pu parler aux hommes de cette armée. Et cela a fait réagir des auditeurs qui, tout simplement, ne comprennent pas que l’on fasse un tel reportage. "Quel intérêt d'envoyer des reporters sur le terrain auprès de ces gens qui ont terrorisé le monde entier ?" questionne Paul. Jean-Marc Four, directeur de l'information internationale de Radio France, répond aux questions de la médiatrice des antennes de Radio France, Emmanuelle Daviet.

Emmanuelle Daviet : Comment expliquez-vous ce choix éditorial ?

Jean-Marc Four : C'est normal que les auditeurs puissent être choqués, on sait le mal que les combattants de l'EI ont fait, et l'ampleur du terrorisme. Mais le travail journalistique est de donner à voir le réel, à vous le décrire à vous, les auditeurs. On est en présence d'un document exceptionnel.

Pour des raisons de hasard, Aurélien Colly est tombé sur ce convoi spécial kurde qui ramenait des détenus hommes, du groupe État islamique, vers un lieu de détention après l'évacuation de Baghouz. En réalité, les journalistes n'ont pas accès à ces combattants, (juste aux femmes, aux enfants). Il faut donc le contextualiser.

Autre remarque d’auditeur sur ce reportage

Je cite son message, souligne Emmanuelle Daviet : "Le journaliste rapportant son contact avec les derniers "combattants" s’apitoie sur deux blessés. Il oublie simplement que ces deux individus sont partie prenante d'une organisation co-responsable ou directement responsable de décapitations, de prises en otages de populations civiles. Ils ont revendiqué les morts du Bataclan, de l'Hyper Cacher de Vincennes. Si un reportage devait avoir lieu avec ces assassins, il ne devait pas sombrer dans le syndrome de Stockholm."

Aurélien Colly fait-il preuve de compassion à l’égard de ces hommes ?

Jean-Marc Four : Sans aucune manière, il leur donne la parole pour essayer de comprendre ce qu'ils ont dans la tête. C'est purement factuel. Notre reporter est un professionnel confirmé.

En quoi le fait d’entendre ces hommes permet de combattre le terrorisme selon vous ?

Au sujet de ce reportage, précise la médiatrice des antennes, dans une réponse à l’un des auditeurs, vous avez écrit : "Il semble nécessaire d’entendre ces témoignages pour mieux combattre le terrorisme".

Si ce sont nos ennemis, pour les combattre, il faut les comprendre. Il faut se forcer à écouter comment ils raisonnent, à condition de contextualiser tout cela. Il faut savoir aussi comment les forces de la coalition traitent ces terroristes pour ne pas basculer dans l'effet inverse, l'opacité.

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