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Le rendez-vous de la médiatrice. La couverture sur l'antenne de franceinfo du rallye Dakar

Vincent Rodriguez, directeur des sports de Radio France, est au micro d’Emmanuelle Daviet, la médiatrice des antennes de Radio France, pour évoquer la couverture du 40e rallye Dakar 2020 sur franceinfo. 

Article rédigé par franceinfo, Emmanuelle Daviet
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5min
Un véhicule lors d'un contrôle technique, avant le départ de la course, dimanche 5 janvier, à Djeddah. (FRANCK FIFE / AFP)

Le Dakar, le plus célèbre des rallyes-raid a lieu eu cette année en Arabie saoudite. L’épreuve s’est terminée hier. Pour rappel, ce rallye a été créé en 1978, et s’appelait alors le Paris-Dakar, il était courue entre l’Europe et le nord de l’Afrique jusqu’en 2007, avant de déménager en Amérique du Sud pour se prémunir de la menace terroriste. Entre 2009 et 2018, le rallye fait étape en Argentine, au Chili, au Pérou, en Bolivie et brièvement au Paraguay.

Plusieurs dizaines de milliers de tonnes de CO2, la pollution dans le désert

Mais l’organiser dans cette région devenait de plus en plus difficile du fait des politiques d’austérité et des contraintes météorologiques. La dernière édition s’est donc disputée en Arabie saoudite et cela nous a valu des réactions d’auditeurs. La plupart soulignent la contradiction entre cette course et la préservation de l’environnement.

Emmanuelle Daviet : Que répondez-vous aux auditeurs sur la question de cette course et de la pollution qu'elle occasionne ? 

Vincent Rodriguez : Vous savez le Dakar, c’est une course très contrastée… comme le sont d’ailleurs la plupart des courses de rallyes raids. C’est à la fois, la liberté, les grands espaces, l’aventure, mais c’est aussi la pollution. Imaginez 500 équipages autos, moto, camions, qui roulent à toute vitesse dans le désert, et bien cela pollue…

À l’arrivée, ce sont plusieurs dizaines de milliers de tonnes de CO2 qui ont été dispersées dans l’atmosphère. Donc un rallye pas très écolo. Les organiseurs en sont conscients. Chaque année, ils prennent de nouvelles mesures pour réduire, limiter cette empreinte carbone. Et nous, journalistes, nous sommes aussi là pour rendre compte de cet aspect de la course. Nous avons diffusé sur franceinfo plusieurs sujets sur la pollution engendrée par le Dakar.

Un contexte politique complexe

Les auditeurs reprochent également cette couverture du rallye Dakar en rappelant le meurtre du journaliste dissident Jamal Khashoggi. Sans oublier les actes de tortures infligés en prison (coups de fouets, chocs électriques, harcèlement sexuel) à des militantes des droits humains. La Fédération internationale pour les droits humains a rappelé que l’an dernier "180 personnes ont été décapitées, parmi lesquelles un enfant."

En parallèle de la course, vos journalistes ont-ils consacré des reportages à la réalité du royaume saoudien ?

La réponse est oui ! Nous avons consacré plusieurs reportages et interviews au problème du non-respect des droits de l’homme dans ce pays. Notre rôle est de mettre les faits en perspective. En l’occurrence, nous avons choisi de décrire la course, mais en orientant aussi nos micros sur la question des droits de l’homme et sur le contexte politique très particulier de ce pays qui dit vouloir s’ouvrir au monde. Mettre les choses en perspective, vous savez, cela constitue l’essence de notre métier. Et j’irai plus loin : c’est un gage indispensable à notre crédibilité.

Le pilote portugais Paulo Gonçalves, le 12 hanvier 2020, lors de la septième étape du rallye Dakar, en Arabie saoudite. (FRANCK FIFE / AFP)

Accident mortel sur le rallye Dakar le 12 janvier

Cette année le Dakar a été endeuillé, un motard s’est tué dimanche dernier. Cela a, semble-t-il, été peu relayé. Un autre, on l'a appris récemment a fait un arrêt cardiaque lors de la 11e étape. Il est hospitalisé dans un état critique à Ryad.   

Comment expliquez-vous qu’auparavant les journalistes couvraient très largement les accidents mortels et que désormais cela soit traité plus discrètement ?

Vincent Rodriguez : Vous faites référence à l’accident mortel du motard portugais Paolo Gonçalves lors de la 7e étape de la course, le 12 janvier dernier. Je me permets de nuancer un peu vos propos. Nous avons, ici sur cette antenne, largement couvert cette information toute la journée de dimanche dernier, avec plusieurs directs de notre envoyé spécial, Guillaume Battin. 

Mais au-delà de ces directs et de ces reportages, nous devons reconnaître un phénomène de "banalisation du traitement médiatique des accidents mortels sur cette course". Alors pourquoi cette banalisation ? Au risque de vous choquer, je vous dirai que les accidents font presque partie de l’histoire de cette course. Depuis la création du Dakar en 1979, en 37 éditions, ce sont 73 personnes qui ont perdu la vie en course ou en marge de la course. 73 personnes en moins de 40 ans…

C'est vrai que sur les premiers accidents de la course, un accident mortel suscitait peut-être davantage de réactions d'indignation sur nos antennes, en fonction aussi reconnaissons-le, de la notoriété des victimes. On se souvent de l'accident d'hélicoptère de 1986 dans lequel le chanteur Daniel Balavoine avait perdu la vie, un accident qui avait fait couler à l'époque beaucoup d'encre et qui avait suscité des semaines et des mois de commentaires dans les médias.

Nous sommes certainement pris dans cette forme de routine macabre. Nous devrions certainement nous interroger davantage sur ces statistiques inquiétantes. Nous devrions nous interroger pour essayer de faire un peu bouger les choses au niveau de la sécurité. C’est évidement dans l’intérêt des pilotes, mais aussi des spectateurs qui assistent à cette course, et qui sont parfois eux aussi victimes d’accidents. 

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